La création de deux nouveaux circuits express, l'un entre la Rive-Sud et l'Île-des-Soeurs, l'autre entre Vaudreuil et Montréal, est une excellente nouvelle pour les navetteurs de la région métropolitaine.

Ces deux trajets, qui permettront entre autres aux employés du nouveau campus Bell de laisser leur voiture à la maison (malgré l'immense stationnement prévu par l'entreprise), offriront aux usagers des véhicules presque neufs, climatisés, avec un accès Internet et des toilettes. Si tous les autobus étaient équipés de la sorte, la fréquentation des transports en commun augmenterait sans doute en flèche.Mais voilà, en coulisse, la décision de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) a provoqué une mini-crise. Les sociétés de transport de Montréal et de la Rive-Sud digèrent mal l'introduction de titres locaux express incompatibles avec les titres déjà existants. La FTQ reproche pour sa part à l'AMT de créer un système de transport à deux vitesses.

La réaction provoquée par la décision de l'AMT est symptomatique d'un malaise beaucoup plus profond et qui dure depuis trop longtemps dans le milieu des transports en commun montréalais. En gros, le problème est le suivant: il y a trop d'intervenants dans le dossier et ils ne partagent pas la même vision. Il est grand temps de mettre fin aux chicanes de clochers en nommant une instance qui sera responsable de TOUS les aspects des transports en commun, ainsi que des cordons de la bourse, pour l'ensemble du territoire.

C'est la formule adoptée à Vancouver et Toronto, qui ont toutes les deux des agences régionales de transport. Dans les deux cas, les maires des municipalités ont leur mot à dire.

À Montréal, la situation est fort différente. Le directeur de l'AMT est nommé par Québec et c'est au sein de la CMM que les maires peuvent s'exprimer. Résultat: plutôt que de travailler en équipe, on marche souvent dans les platebandes du voisin...

Pour régler le problème de gouvernance qui paralyse les transports en commun de la région de Montréal, il faut absolument adopter une approche régionale.

La position de la Ville va en ce sens. Elle dit depuis longtemps que ce sont les élus régionaux qui devraient être aux commandes. Dans son plan de transport, Montréal répète que le rôle de l'AMT devrait se limiter à organiser le transport sur le territoire métropolitain. L'ensemble des pouvoirs de planification et de financement devrait, toujours selon la Ville, relever de la CMM. C'est également ce que recommandait le rapport Bernard, en 2002. Or, les choses ont bien changé depuis six ans. À la CMM, les élus ont plutôt tendance à vouloir défendre leurs propres intérêts plutôt que prioriser les intérêts communs. Seraient-ils capables de s'entendre dans le dossier des transports en commun? La démonstration reste à faire. Un comité mandaté par le gouvernement provincial pour revoir la gouvernance et le financement du transport collectif doit déposer ses recommandations d'ici la fin de l'année.

Ce comité devra trancher: la CMM ou l'AMT? À moins qu'il ne propose une troisième voie. Une chose est sûre, il doit crever l'abcès une fois pour toutes. À l'heure actuelle, notre réseau de transports en commun végète dans la voie de garage. Une fois les problèmes de gouvernance réglés, il pourrait filer à toute vitesse sur la voie réservée.