Vendredi dernier, un homme dérangé est entré avec des armes à feu dans une école du Connecticut, aux États-Unis, et a tiré: 20 enfants sont morts, en plus de sept adultes. Le même jour, un homme dérangé est entré avec un couteau dans une école de la province du Henan, en Chine, et s'en est pris à 22 enfants: aucun n'est décédé...

Peut-on mieux illustrer les raisons pour lesquelles la tragédie de Newtown relance le débat sur les armes à feu chez nos voisins du Sud?

Ceux-ci sont affligés d'une culture des armes unique au monde. Cependant, les raisons profondes pour lesquelles les armes à feu sont indésirables dans une société avancée sont valables partout. Cela tient en deux mots: les armes à feu sont inutiles et dangereuses.

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D'abord, une société qui a délégué à l'État la responsabilité exclusive de maintenir l'ordre ainsi que le droit exclusif d'utiliser la violence pour y parvenir n'a pas besoin d'armes en possession privée.

Ensuite, le célèbre Deuxième amendement de la Constitution américaine, toujours invoqué dans ce débat, visait à prémunir les citoyens contre un État qui deviendrait tyrannique. Or, cette idée est aujourd'hui ridicule: pour faire la révolution, légitime ou non, il faut des chars d'assaut.

Enfin, la sécurité personnelle qu'assurerait une arme à feu est largement une illusion. Manier une arme est difficile, tirer sur un autre être humain l'est encore plus. Dans un affrontement où l'un des belligérants est un professionnel de la violence, c'est lui qui l'emportera. En clair: on ne sécurisera pas une classe en mettant un fusil d'assaut entre les mains de l'instituteur.

L'arme à feu est non seulement inutile, mais dangereuse, partout, tout le temps, pour tout le monde qui y a accès ou se trouve à sa portée.

Aux États-Unis, en plus des 8600 homicides annuels qui lui sont redevables, ces armes tuent 20 000 autres personnes, par suicide ou accident. Les armes utilisées à Newtown par Adam Lanza étaient celles de sa mère, qui pratiquait le tir sportif de façon sans doute responsable et sécuritaire. Au Canada, les fusils de chasse, parfaitement légaux et que l'on présume être eux aussi manipulés de façon responsable et sécuritaire, sont responsables de 60% des décès par balles, homicides, suicides et autres...

«Des lois strictes diraient: pas d'armes», dit laconiquement un blogue de The Economist. Le magazine est publié dans un pays où obtenir un permis de possession d'arme est une procédure longue et cauchemardesque. Où même les membres des gangs de rue utilisent des armes et munitions artisanales parce que s'en procurer de véritables est trop difficile! Or, en Angleterre, on déplore annuellement une quarantaine d'homicides par arme à feu - aux États-Unis, on arrive à ce nombre en... 48 heures.

Pas d'armes, donc?

On y arrivera sans doute jamais. Mais il faut par tous les moyens, ici comme ailleurs, cheminer vers cet objectif.