Le cessez-le-feu intervenu il y a moins de 24 heures entre Israël et le Hamas tient-il toujours au moment où vous lisez ces lignes? En fin de journée, hier, c'était impossible à prédire. Mais une chose était déjà certaine: que l'accalmie perdure ou non, le Hamas sort gagnant à tous points de vue de ces huit jours de violence qui ont fait 150 morts et 1000 blessés, en écrasante majorité des Palestiniens.

Dans les rues de Gaza, où on ne s'y est pas trompé: dans les minutes qui ont suivi l'entrée en vigueur de la trêve, la population a envahi les rues pour célébrer bruyamment la victoire.

L'accord a d'autant plus étonné qu'il a été conclu quelques heures après un attentat à la bombe qui a soufflé un autobus, à Tel-Aviv. Si l'on se fie au passé, cette attaque aurait pu éliminer toute possibilité d'accalmie à court terme. Et peut-être même déclencher l'offensive terrestre israélienne tant redoutée.

Cette horreur est pour l'instant évitée.

***

Qu'enseigne ce millième rebondissement du conflit israélo-palestinien?

D'abord, il constitue une nouvelle illustration de la nature des affrontements post-modernes. À savoir que les guerres ne sont plus gagnées par la partie possédant la plus grande puissance de feu, mais par celle se montrant la plus habile dans les jeux de la propagande et de la politique, lesquels offrent des arsenaux autrement redoutables.

Sur ces deux plans et depuis quelques années déjà (on pense aux affrontements de 2008-2009), Israël n'a fait que reculer.

D'une part, le sort réservé à la majorité des Gazaouis, et présenté en continu à la face du monde, est insupportable. Et ce, quel que soit le dégoût qu'inspirent les tactiques des diverses factions combattantes palestiniennes... et ce dégoût est grand, en particulier lorsque la terreur s'abrite derrière des civils, parfois même dans des hôpitaux. Quoi qu'il en soit, cette guerre d'images, cruciale, Israël ne pourra jamais la gagner.

D'autre part, en même temps que s'exprime une certaine lassitude des alliés historiques d'Israël, le Printemps arabe a considérablement modifié le voisinage politique de l'État hébreu (sans parler du statut du Hamas, considérablement revampé, y compris en Cisjordanie, la terre du Fatah). Le cessez-le-feu d'hier est le résultat d'un processus de médiation mené par l'Égypte (et les États-Unis, bien sûr), un État que l'électorat a doté d'un président islamiste dont la sympathie va d'abord au Hamas, une projection des Frères musulmans. La Turquie, sous gouverne islamiste elle aussi, a mis beaucoup de distance entre elle et Israël. Et, selon certaines sources, la rébellion libyenne aurait acheminé des armes vers Gaza, tout comme l'Iran...

Bref, on voit l'inconfort.

Après tant d'espoirs déçus, on n'ose plus dire: il faut maintenant reprendre le cheminement vers une paix durable. Pourtant, aujourd'hui comme hier, il n'y a pas d'alternative. Zéro. Aucune.