À moins d'être aux prises avec la guerre, un pays est rarement appelé à jouer son avenir en quelques mois, voire quelques jours. Or, c'est la situation dans laquelle se trouve toujours la Grèce, aujourd'hui, après une deuxième consultation électorale en six semaines. Au mieux, en effet, les élections d'hier ouvriront la porte à un gouvernement de coalition écartelé entre réalité économique et humeurs populaires. Un gouvernement pressé de trouver une solution à ce qui a été à ce jour insoluble.

Le parti conservateur Nouvelle démocratie a donc eu le dessus par trois points de pourcentage sur une gauche radicale (Syriza) campée dans le déni. En clair: la peur qu'éprouvent 80% des Grecs d'être exclus de la zone euro a été plus forte que le ressentiment né de l'austérité passée. Et davantage encore que le peu de goût qu'ils ont pour l'austérité à venir.

Cette victoire du parti pro-euro a pour effet de confier à Antonis Samaras la tâche de former un gouvernement de coalition.

Certes, le processus a lamentablement échoué après le 6 mai.

Mais la Grèce vit depuis ce temps un véritable écroulement économique, qui s'ajoute aux problèmes structurels ayant précisément conduit à cette situation. Le PIB est en chute de 6,5%. Le chômage a atteint les 22,6%. L'hémorragie des dépôts bancaires est terrifiante: les retraits ont été de 5 milliards d'euros depuis deux semaines. Les impôts non encaissés atteignent les 50 milliards. Les caisses publiques pourraient être vides dès juillet. À ce jour, le gouffre hellénique a avalé 347 milliards en prêts et effacement de dettes - ce qui représente 150% de son PIB...

Bref, tout cela constitue un très fort plaidoyer en faveur d'une entente politique... même si ce n'est pas évident aux yeux de tous. Des éléments du Pasok, le parti socialiste arrivé troisième, ont en effet laissé entendre qu'ils ne collaboreraient pas à un éventuel gouvernement sans que Syriza n'en fasse partie... ce que la gauche radicale s'est dépêchée d'exclure!

Il n'y en aura pas de facile, comme on dit dans le monde du sport.

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Quoi qu'il en soit, ces nouveaux développements seront scrutés à la loupe, dès aujourd'hui, alors que le Mexique accueille le sommet du G-20 (et Bruxelles, le Sommet européen, dans 10 jours).

Les déboires de la Grèce, ce pays qu'on appelle maintenant «l'homme malade» de l'Europe, alertent évidemment les leaders du monde entier. Ils sont inquiets de la stabilité de l'euro. Inquiets de ce qui attend à court terme deux autres nations pas très bien portantes elles non plus, l'Espagne et l'Italie.

Pour l'instant, tous espèrent d'abord la constitution rapide d'un gouvernement en Grèce. Puis un assouplissement des positions de la chancellerie allemande - là où se trouve la grosse caisse - qui, hier, a entrouvert la porte à des discussions à ce sujet.

Personne ne veut voir l'euro affaibli, amputé.