À radical, radical et demi. Ainsi, dans l'échelle de la démesure, la CLASSE est maintenant déclassée - pour ainsi dire - par un mouvement qui s'est fait connaître ce week-end, Force étudiante critique, dont le petit catéchisme est plus intégriste. Et on peut parier que, si le psychodrame actuel se poursuit, apparaîtra un discours plus extrême encore.

Cette indémontable mécanique est-elle inoffensive? Pas vraiment. On ne sait jamais quel effet auront les mantras extrémistes et la dynamique de groupe sur le comportement de l'un ou l'autre individu.

Ainsi, au moins une des personnes accusées d'avoir saboté le métro de Montréal ferait partie de la FEC. À Cleveland, des hommes arrêtés en rapport avec une tentative d'attentat à l'explosif étaient proches du mouvement Occupy. Rome a annoncé, hier, que les militaires pourraient avoir à protéger des officines publiques après une série d'attentats liés, en tout ou en partie, à un groupuscule anarchiste.

En elle-même et bien qu'elle soit physiquement et matériellement dangereuse, cette violence menace peu les institutions en tant que telles. Mais c'est différent lorsqu'une proportion non négligeable des citoyens se précipite dans les Disneyland idéologiques construits par les extrêmes.

Et qu'ils font entrer ceux-ci dans le jeu électoral.

Au premier tour de la présidentielle française, 30% des électeurs ont voté pour les extrêmes de droite et de gauche. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait ainsi accédé au second tour... Aux Pays-Bas, le gouvernement de coalition a démissionné après que le Parti pour la liberté (extrême droite, troisième dans la faveur populaire) lui eut retiré son appui... En Grèce, néonazis et néo-marxistes ont mis le grappin, lors des élections législatives, sur le tiers des 300 sièges du Parlement. Après une semaine de négociations, la Grèce n'avait toujours pas de gouvernement, hier.

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Les extrémismes de gauche et de droite ont entre eux davantage de points communs que de divergences.

Tous deux combattent le libéralisme économique et la mondialisation. Se méfient des libertés fondamentales, surtout celle d'opinion. Proposent des gouvernements de rupture - ou une bonne vieille révolution! - alors que le réformisme démocratique est la seule façon, aujourd'hui, de faire progresser une société. Ce n'est pas un hasard si presque tous les États occidentaux sont gouvernés plus ou moins au centre, quelle que soit l'étiquette du ou des partis appelés à exercer le pouvoir.

Le territoire politique s'étendant à proximité du centre n'est pas très sexy. Il n'émoustille pas les intellectuels. Les artistes ne lui dédient ni chansons, ni poèmes, ni films.

C'est pourtant là que le réel se joue, il faudrait que ça se sache davantage.