Infailliblement, les politiciens en quête d'inspiration et de partisans jouent un jour ou l'autre la carte «jeune». L'inspiration? Les jeunes ont toujours des idées neuves, ou croient en avoir. Et lorsque le bassin des adultes disponibles ne suffit plus, il ne reste que les jeunes. Car les vieux (les vrais vieux, pas ceux des pubs qui font du bungee) ne sont pas fiables: ils ont une fâcheuse tendance à mourir.

Alors que les jeunes, eux, sont notre futur avenir de demain!

Bref, le Parti québécois veut faire voter les jeunes à partir de 16 ans: n'ont-ils pas déjà le droit de conduire? Non seulement les faire voter, mais les instruire auparavant en matière d'histoire nationale et de citoyenneté.

Bien sûr, l'affaire est cousue d'un fil blanc gros comme un câble d'amarrage. L'idée est que les jeunes sont plus indépendantistes que leurs aînés. Et qu'en tirant sur la tige, la fleur de lys plantée à l'école devrait s'épanouir encore davantage - rééditera-t-on le fameux guide Parlons de souveraineté à l'école?

Certes, on ne reproche pas à un parti d'être partisan. Mais deux remarques s'imposent. D'abord, les jeunes semblent plus volontiers écolos, altermondialistes, indignés ou Anonymous que souverainistes. Ensuite, il faut être prudent avec ce qu'on impose à l'école: la propagande n'est pas un succédané du savoir. Enfin, à 16 ans, les jeunes conduisent, mais ils n'ont pas le droit de se procurer de l'alcool.

Or, pour supporter la politique et les politiciens, un scotch bien tassé est parfois rigoureusement indispensable.

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Ce nouvel amour adolescent du Parti québécois a le mérite de soulever une question plus globale. Que souhaite-t-on au juste que les jeunes apprennent?

L'Histoire? C'est à notre avis le plus important. Mais pas seulement celle du Québec. Celle des civilisations et des nations, pourquoi les premières fleurissent puis déclinent, pourquoi les secondes dominent puis sont dominées.

Les idées? Elles mènent le monde, disait Jean-François Revel en ajoutant: surtout les mauvaises... Les jeunes doivent savoir quelles idées, avant eux, ont marché et lesquelles ont foiré. Savoir aussi comment on en fabrique de nouvelles qui tiennent à peu près debout. C'est le domaine de la philosophie et des sciences, dont l'économie.

L'économie? Oui, cette science mal aimée qui est pourtant, depuis qu'existe l'écriture (d'ailleurs inventée pour elle), le fil conducteur de l'Histoire.

À quel âge, donc, un jeune devrait-il pouvoir voter? Une fois qu'il a appris tout ça, aurait-on le goût de répondre. Mais c'est le travail de toute une vie, et encore. Alors, soyons plus réalistes: un jeune devrait pouvoir voter dès qu'il est parti de chez ses parents!

C'est seulement à partir de ce moment, en effet, qu'il peut comprendre la signification du mot... indépendance.

Ceci dit à la blague, bien entendu.