La guerre sous toutes ses formes pourrait être un jour chose du passé! L'an 2011 étant révolu après avoir donné lieu à bon nombre de conflits et les premiers jours de 2012 annonçant - entre autres - un bras de fer avec l'Iran, il serait réconfortant de croire que la guerre pourrait disparaître. Ce serait une belle injection d'optimisme...

Mais est-ce envisageable?

La guerre en Irak, qui «fut le plus récent exemple d'une guerre totale entre deux armées nationales, pourrait bien avoir été la dernière... même si l'idée de la désuétude de la guerre semble follement utopiste», estiment Joshua S. Goldstein et Steven Pinker dans le New York Times.

Le premier est expert en relations internationales. Le second est l'auteur de ce que, dans cette colonne, nous avons déjà qualifié de livre de l'année 2011: The Better Angels of Our Nature (non traduit en français).

Ce sont donc des gens sérieux.

Ainsi, évoquant la plus puissante armée au monde, celle des États-Unis, les auteurs citent à l'appui de leur thèse une phrase fort intéressante de l'ex-secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. Il dit: «Un futur secrétaire à la Défense qui conseillerait au président d'envoyer une armée de terre envahir un quelconque pays d'Asie, du Moyen-Orient ou de l'Afrique devrait être examiné par un psychiatre...»

La guerre? No sir... Selon un de ceux qui l'ont pensée, planifiée et faite, elle est devenue une folie. Mais comment y croire? Goldstein et Pinker avancent trois arguments.

Un. Les conflits, affrontements conventionnels ou guerres civiles, ont déjà diminué considérablement. C'est précisément la thèse du bouquin de Pinker, qui initie cette courbe descendante presque à la préhistoire!

Cependant, peu de gens voyant d'un angle historique le phénomène de la violence, la guerre en particulier, cette myopie nous plonge à tous coups dans une mer de catastrophisme pleurnichard. Or, dans les faits, le dernier demi-siècle a été le moins guerrier de l'histoire de l'humanité, démontre Pinker.

Deux. Bien des formes de violence acceptées dans le passé ne le sont plus aujourd'hui, des infâmes supplices qui faisaient jadis partie de la vie quotidienne jusqu'aux sacrifices humains ou à l'esclavage (du moins en Occident). Pourquoi les conflits armés ne seraient-ils pas les prochaines atrocités à pratiquement disparaître?

Les auteurs savoureraient cet exemple: les crimes d'honneur, admis - et même applaudis - de temps immémoriaux dans certaines cultures, sont aujourd'hui vivement condamnés sur la place publique internationale. Stigmatisés, dénoncés, honnis, on peut prévoir qu'ils seront de moins en moins nombreux.

Troisième argument: la guerre ne rapporte plus. Après la guerre de Corée et son million de morts, la frontière est demeurée la même - et les despotes du Nord viennent toujours de la même famille d'énergumènes! Résultat identique pour la guerre Iran-Irak, qui a fait 650 000 morts. Même déconfiture pour Saddam Hussein dans ses vues sur le Koweït. Bref, à peu près tous les va-t-en-guerre ont aujourd'hui réalisé qu'il est plus rentable de se battre sur le terrain de l'économie.

Celle-ci est peut-être sans pitié. Mais elle ne sème pas les cadavres par millions.