Même en s'y mettant à 50 ou à 500, on n'y arrive toujours pas. À quoi? À trouver pour l'avenir du Québec des idées vraiment nouvelles. À trouver des façons immédiatement praticables de réaliser les choses «autrement», comme disent les politiciens depuis qu'ils n'admettent plus faire de la bonne vieille politique!

On ne voit rien venir, donc. Ou alors peu.

Rien au square Victoria où les groupies de la «tentifada» ont dû se résigner à louanger les occupants précisément parce qu'ils ne proposent rien! Et peu dans deux des multiples outils de réflexion proposés ces jours-ci aux Québécois, deux oeuvres conçues sur le mode du forum et donnant la parole à une cinquantaine de penseurs.

Le film République, un abécédaire populaire, de Hugo Latulippe, est de loin l'oeuvre la plus prévisible. De Gérald Larose à Françoise David, son casting a été entièrement recruté au sein de la gauche classique, depuis longtemps atteinte de rigidité cadavérique. À aucun moment, donc, la réflexion ne s'écarte du fil étatiste et social-démocrate avec lequel a jadis été tricoté le modèle québécois.

À aucun moment? Faux.

Le film de Latulippe confirme en effet que le ouaouaron remplace désormais le prolétaire comme point de référence pour juger de la moralité des initiatives humaines. En clair: la valeur de l'Homme diminue aux yeux de l'Homme... une idée nouvelle, peut-être, mais qui laisse songeur.

On ne trouve pas ça dans le recueil De quoi le Québec a-t-il besoin?, du trio Jean Barbe/Marie-France Bazzo/Vincent Marissal (journaliste à La Presse).

Par contre, on y voit une telle chose que de la diversité. On y fréquente de tout, en effet, du sénateur conservateur jusqu'au dernier marxiste qui bouge encore, exhumé des Sciences Po de l'UQAM. Voilà la force de l'ouvrage (outre le fait que ce «livre d'éditeur» en a eu un, Jean Barbe, à la hauteur du projet).

Est-ce qu'une telle chaîne d'assemblage produit automatiquement des idées neuves? Non. L'oeuvre offre son lot de solennelles platitudes. N'empêche: on y trouve bel et bien quelques os à gruger.

Ainsi, à une époque où il est chic d'être ignare en matière d'économie, où la prospérité est le mal absolu et la simplicité - volontaire ou non - la vertu cardinale, le plus lourd de ces objets de réflexion a une origine étonnante. Il est livré par le maire de la République autonome du Plateau, Luc Ferrandez! «Nous, on a un désintérêt pour l'enrichissement. Je veux dire, c'est amusant. C'est presque touchant. Mais si on se désintéresse de l'enrichissement, il faut prendre acte et assumer notre frugalité», dit-il.

Il faut faire attention à ce que nous souhaitons, en effet. Nous pourrions l'obtenir.