Après le 11 septembre 2001, il était impératif pour les États-Unis et les pays de l'OTAN, tenus à la solidarité mutuelle, de débusquer Oussama ben Laden, détruire ses bases afghanes et déboulonner le régime des talibans qui l'avait hébergé. Ça a été fait - même si ce n'est que tout récemment dans le cas de ben Laden.

Après le 11 septembre 2001, il était impératif pour les États-Unis et les pays de l'OTAN, tenus à la solidarité mutuelle, de débusquer Oussama ben Laden, détruire ses bases afghanes et déboulonner le régime des talibans qui l'avait hébergé. Ça a été fait - même si ce n'est que tout récemment dans le cas de ben Laden.

Jusque-là, tout va.

Cependant, tout le monde a alors cru - nous en étions - que l'Occident devait faire davantage.

Il a donc pris sur son dos ce qu'un auteur a appelé le fardeau de l'homme blanc (William Easterly, d'après un poème du XIXe siècle sur... le devoir impérial). C'est-à-dire: la mission consistant à transplanter en quelques mois sa démocratie, son régime de droits et libertés, son moulin à prospérité, sur un territoire n'ayant jamais rien connu de tel et ne possédant rien de ce qu'il faut pour mitonner cette cuisine - peut-être même pas le goût de cuisiner!

Est-il si surprenant que l'entreprise ait échoué?

* * *

Deux choses sautent aux yeux.

Un. La puissance de l'appareil militaire occidental est illusoire: les «ennemis» du XXIe siècle ne peuvent être vaincus par la force brute. L'arme nucléaire est inutilisable à Tripoli - au fait, que faisons-nous là, encore? Et le char d'assaut n'est qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine lorsque la question est de déterminer si une société recluse, hostile et/ou momifiée par un despote sera, ou ne sera pas, amenée à adhérer aux valeurs de la modernité. Ce qui, dorénavant, est la seule vraie mesure de la victoire.

De toute façon, pourquoi et comment l'Occident (lequel ne supporte d'ailleurs plus de voir ses boys sacrifiés) prendrait-il la responsabilité de policer le monde entier?

Deux. Si encore il ne s'agissait que de policer... mais il faut aussi convertir à la démocratie!

Or, celle-ci ne peut naître que de l'intérieur, sous l'impulsion de la population même, et seulement lorsque certaines fondations ont été coulées: un niveau minimal de richesse, par exemple; ainsi que des institutions juridiques suffisamment fortes, fussent-elles autoritaires, pour garantir un minimum de droits. Cela acquis, il faut ensuite des décennies, sinon des siècles, pour que la démocratie fleurisse... alors qu'en Afghanistan, une contrée démunie de tout, nous avons cru pouvoir y arriver à la pointe du fusil en 60 mois!

C'était généreux, mais naïf et inconscient.

Dorénavant, en ce qui concerne l'emploi de la force militaire, le Canada devrait se mêler un peu de ses affaires et réserver cet ultime recours aux situations où sont en jeu ses intérêts vitaux.

L'Afghanistan aura été, espérons-le, le lieu de la dernière utopie.

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