Quelles que soient les précautions oratoires utilisées par Barack Obama et d'autres pour apaiser les craintes, on assiste au début de la fin de l'implication militaire occidentale massive en Afghanistan. Au cours des 18 prochains mois, 33 000 soldats américains seront rapatriés. Même chose pour un contingent de 1300 militaires français ainsi que pour un nombre encore indéterminé d'Allemands. D'autres, tels les Néerlandais, sont déjà partis.

Quelles que soient les précautions oratoires utilisées par Barack Obama et d'autres pour apaiser les craintes, on assiste au début de la fin de l'implication militaire occidentale massive en Afghanistan. Au cours des 18 prochains mois, 33 000 soldats américains seront rapatriés. Même chose pour un contingent de 1300 militaires français ainsi que pour un nombre encore indéterminé d'Allemands. D'autres, tels les Néerlandais, sont déjà partis.

Les militaires canadiens ont déjà commencé à quitter le territoire afghan; d'ici la fin du mois de juillet, 1900 d'entre eux seront revenus au pays.

Derrière elles, ces troupes laissent surtout des questions.

Des questions sur l'Afghanistan: quel est son état de préparation face à l'avenir? Et de quoi cet avenir sera-t-il fait? Des questions aussi sur l'Occident, sa puissance illusoire, ses objectifs naïfs, un rôle dans le monde qu'il lui faut réviser. Et ce, après avoir connu l'échec... un mot terrible qu'il faudra se résoudre à employer au sujet de la longue occupation d'un pays fermé, hors du temps, miséreux. Et, dirait-on, farouchement déterminé à le rester.    

De toute façon, quelle serait à ce stade-ci la définition d'une victoire? Personne ne se risque à en proposer une. On se contenterait volontiers d'une situation où, en 2014, les Afghans seraient, selon le discours officiel, «prêts à assurer leur propre sécurité» - et au diable la démocratie, la réforme des institutions, les droits des femmes ou même la défaite réelle des talibans.

Or, même le maintien à moyen terme d'un niveau minimal de sécurité, personne ne semble y croire vraiment. L'employée afghane d'une ONG internationale veut maintenant connaître «le plan d'évacuation des travailleurs locaux lorsque les Américains partiront» (dans Foreign Affairs)... ce qui évoque l'image effrayante du dernier hélico US décollant du toit de l'ambassade de Saigon, en 1975, avec une poignée de désespérés accrochés à ses patins.

Sans doute, les choses n'iront-elles pas jusque-là.

Mais alors, tout en demeurant à peu près réaliste, que peut-on espérer de mieux pour l'Afghanistan?

Déjà, l'assistance humanitaire décampe (pour un, le budget américain est passé de 4,2 à 2,5 milliards $US entre 2010 et 2011). Ce qui tient lieu de gouvernement afghan, avec l'inénarrable Hamid Karzaï à sa tête, ne résistera peut-être pas. L'armée et la police ne sont toujours pas fiables. On n'est jamais venu à bout de la corruption. Talibans, chefs de guerre et barons du pavot réarment: la guerre civile, eux, ils connaissent...

La décision de quitter l'Afghanistan est, pour la coalition occidentale, très difficile à défendre d'un point de vue moral. Aussi, dans ces conditions, un examen de conscience s'impose: comment diable a-t-on pu en arriver là?

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