Est-ce la goutte d'eau qui fera déborder la vase? Les images fortes de l'assaut perpétré contre Max Pacioretty, mardi, soulèvent depuis 48 heures un dégoût unanime. De sorte qu'on assiste apparemment à une sérieuse et profonde remise en question de ce qu'a fait du hockey un politburo affairiste, inculte et arrogant.

Est-ce la goutte d'eau qui fera déborder la vase? Les images fortes de l'assaut perpétré contre Max Pacioretty, mardi, soulèvent depuis 48 heures un dégoût unanime. De sorte qu'on assiste apparemment à une sérieuse et profonde remise en question de ce qu'a fait du hockey un politburo affairiste, inculte et arrogant.

Que le transporteur Air Canada ait menacé de retirer sa commandite est significatif. Et d'autres commanditaires (dont Tim Hortons, lié au joueur-étoile Sidney Crosby, grièvement blessé aussi) ont manifesté leur «inquiétude». Mais il est douteux que, de ce côté, ça aille plus loin.

Si on veut utiliser le levier de l'économie, il faut savoir que la LNH est plus dépendante de la billetterie que les autres ligues de sport professionnel, mieux financées par la télévision. Aussi, influer sur la LNH de façon à ce qu'elle combatte réellement le hockey poubelle impliquerait une sorte de grève des fans!

Or, ça ne se produira pas. Parce que l'amour du hockey est aveugle. Et parce que notre attitude face à la violence est ambiguë...

Le hockey est né au Canada. C'est ici que s'est bâtie une culture du hockey capable d'encadrer, en partie de façon informelle, la rudesse inhérente au jeu et la quantité de violence tolérable. En particulier depuis l'expansion, la LNH a graduellement remplacé cette culture par une autre, celle des bullies chargés de fournir l'imagerie nécessaire à un marketing à l'américaine, axé sur des séquences de violence, convenant davantage au roller derby ou à la lutte dans la boue...

Or, en elle-même, la LNH n'est pas si puissante. Et ses constituantes canadiennes ont du poids. Trois des huit concessions les mieux évaluées de la ligue sont celles de Toronto, Montréal et Vancouver, qui «pèsent» ensemble 1,2 milliard $US. Les Maple Leafs et le Canadien encaissent les revenus les plus substantiels des 30 équipes: 350 millions à eux deux.

C'est peut-être une clé, celle du pouvoir du tiroir-caisse.

Nous, au Canada et en particulier au Québec, respectons-nous encore le hockey? Et les directions d'équipes ont-elles gardé souvenir de la culture originelle de ce sport? Dans le cas de la famille Molson, qui a les liens historiques que l'on sait avec le hockey, il est certainement facile de le croire. Hier, le propriétaire et grand patron du Canadien, Geoff Molson, a parlé d'une «situation alarmante» et a obtenu l'attention immédiate du politburo au problème de la violence et des blessures qui s'ensuivent.

C'est bien, mais il lui faut aller plus loin et plus vigoureusement: cette voie ne pourrait-elle pas se révéler plus rapidement efficace que le recours à la justice ou à la politique?  

«Go Habs Go», comme on dit toujours.