Dans le troisième épisode de 19-2, un des flics se vide le coeur: «Veux-tu ben me dire à quoi on sert, à part de se faire cracher dessus par du monde qui nous haït? Ils sont ben contents de nous voir arriver quand ils sont dans la m... Mais quand ils font des niaiseries, puis qu'il faut qu'on leur tape sur les doigts, là, on est juste des chiens finis!»

Dans le troisième épisode de 19-2, un des flics se vide le coeur: «Veux-tu ben me dire à quoi on sert, à part de se faire cracher dessus par du monde qui nous haït? Ils sont ben contents de nous voir arriver quand ils sont dans la m... Mais quand ils font des niaiseries, puis qu'il faut qu'on leur tape sur les doigts, là, on est juste des chiens finis!»

C'est dit presque sur le ton de la constatation par un des deux partners vedettes de la télésérie, Nick Beroff (Réal Bossé), complètement désabusé. Et ça décrit sans doute assez bien ce que beaucoup de vrais policiers, dans la vraie vie, pensent de leur travail et de leur... statut social.

Bref, la tirade est un grand moment de vérité.

Il y a beaucoup de ces moments dans les premières heures (la quatrième était diffusée, hier soir) de cette production qui livre le meilleur de ce dont nos artisans de la télé sont capables. Un fini à la fois classique, vivant, expressif. Avec, à l'occasion, des scènes belles comme des fresques, qui donnent le goût de faire «pause», d'encadrer l'écran puis de l'accrocher au mur! Et un contenu très «Podz», engagé de la plus belle façon, celle qui nous épargne les rectitudes, les vertueuses indignations et les bons sentiments. Celle qui s'aventure en terrain miné - les valeurs et les rites des hommes, par exemple, présentés ici comme n'étant pas des êtres inférieurs...

Apparemment, la télé d'État n'a pas encore décidé si 19-2 se perpétuera en une deuxième saison.

Désolant!

Quels que soient les motifs - connus ou non - pouvant plaider en ce sens, enterrer cette dramatique si jeune, si belle, si bien adaptée au mandat radio-canadien, ne doit pas être une option.    

* * *

Accessoirement, 19-2 offre l'occasion de réfléchir sur «la loi et l'ordre», comme on dit parfois avec dédain. Sur l'usage de la violence en société, sa nécessité et ses excès.

L'époque est celle-là. Les scandales impliquant des policiers trop portés sur la force abondent. Cela seul suffirait à brouiller l'image du flic. Mais il y aussi un grand aveuglement volontaire quant à son rôle essentiel: une société peut se passer pendant des mois de gouvernement (demandez aux Belges!), mais pas un seul jour d'une force de police.

Deux facteurs principaux jouent dans ce déni.

D'abord, le pacifisme gnangnan, le même qui motive la haine du militaire, étant entendu que tous les uniformes pratiquent automatiquement l'oppression. Ensuite, un rousseauisme tout aussi primaire, prêchant que tout homme naît bon et ne peut être tenu responsable du mal qu'il fait : c'est la société qui le corrompt puis, par l'intermédiaire du flic, le réprime...

Que dirait Beroff à ce sujet? Ce serait bien de pouvoir le lui demander. La saison prochaine.