La ville de Québec est-elle une forteresse de la droite? C'est la question que pose - et à laquelle répond - Le Soleil dans son édition d'hier. L'ancrage à droite de Québec est un mythe, estime ainsi le quotidien de la Vieille Capitale où, assure-t-il, les gens «ne sont pas différents du reste de la province».

La ville de Québec est-elle une forteresse de la droite? C'est la question que pose - et à laquelle répond - Le Soleil dans son édition d'hier. L'ancrage à droite de Québec est un mythe, estime ainsi le quotidien de la Vieille Capitale où, assure-t-il, les gens «ne sont pas différents du reste de la province».

Le sondage Segma-Le Soleil menant à cette conclusion indique que les Québécois de Québec (!) aiment se situer au centre. Et qu'ils entretiennent une position modérée, bien que légèrement plus critique qu'ailleurs, face au rôle et à la taille de l'État.

L'affaire est intéressante... mais pas parce qu'elle clôt le dossier de la localisation politique de Québec, comme si on l'avait enfin trouvée sur un GPS! Une telle précision demanderait en effet que l'on réponde au préalable à un tas de questions embêtantes. Qu'est-ce que la droite? Est-elle distincte au Québec et à Québec? Les droitistes peuvent-ils aller au ciel?

Non, l'intérêt se trouve dans le ton immanquablement employé lorsqu'on parle de la droite.

Car l'impression qui se dégage de l'enquête fort à propos du Soleil est que la capitale s'efforce de se débarrasser d'une tare inavouable, d'une maladie honteuse, d'un péché mortel, d'une «caricature qui lui colle à la peau depuis l'élection des députés conservateurs, en 2006, suivie de la vague adéquiste de 2007», écrit le quotidien. Sans parler de Régis Labeaume, du Réseau Liberté-Québec et... de la radio-poubelle, tant qu'à faire! (À ce sujet, on se souviendra avoir déjà dû avaler, à Montréal et venant de ténors dits de gauche, au moins autant de populisme cheap et de vulgarité que ce qui peut tomber de certaines antennes plantées sur le Cap Diamant.)

Bref, cette impression ponctuelle confirme qu'au Québec, une proposition politique pouvant être classée à droite est immorale, illégitime, presque illégale, en tout cas totalement inadmissible dans l'espace public.

En conséquence, la gauche est ouverte au débat, mais pas avec la droite, seulement avec elle-même.

Faut-il à nouveau démontrer comment la puissante industrie québécoise du discours public penche chroniquement à gauche et ne consent à évoquer la droite qu'en se pinçant le nez et en enfilant des gants de caoutchouc? Faut-il rappeler comment, à plusieurs reprises et encore récemment, des chefs syndicaux ont évoqué une «montée de la droite» sur le même ton qu'on emploierait pour signaler que la 2e Panzerdivision SS a atteint les faubourgs du quatre-cinq-zéro?

C'est ridicule, évidemment.

Ce qu'il faut se demander, ce n'est pas si la ville de Québec est à droite ou à gauche. Mais bien si le Québec dans son ensemble (et en particulier le Québec des sachants) est capable d'être aussi ouvert et «multipolitique» qu'il aime se dire tolérant et multiculturel.

Car, même en étant aussi à gauche que Kim Jong-il, il est impossible de s'imaginer que le Québec avancera d'un millimètre s'il continue à se bricoler ainsi des épouvantails à moineaux.