On a l'impression d'assister à un bégaiement de l'Histoire. Pourtant, la crise que vit la péninsule coréenne est bien réelle. De chronique qu'elle était depuis un demi-siècle, avec des sursauts de tension occasionnels, cette crise est devenue aiguë depuis que le Nord a jeté 80 obus sur une zone civile du Sud, tuant quatre personnes. Déjà, en mars, une corvette sud-coréenne avait été torpillée, 46 marins trouvant alors la mort. Ni les torpilles ni l'artillerie n'avaient été utilisées dans ce conflit larvé depuis le cessez-le-feu de 1953...

On a l'impression d'assister à un bégaiement de l'Histoire. Pourtant, la crise que vit la péninsule coréenne est bien réelle. De chronique qu'elle était depuis un demi-siècle, avec des sursauts de tension occasionnels, cette crise est devenue aiguë depuis que le Nord a jeté 80 obus sur une zone civile du Sud, tuant quatre personnes. Déjà, en mars, une corvette sud-coréenne avait été torpillée, 46 marins trouvant alors la mort. Ni les torpilles ni l'artillerie n'avaient été utilisées dans ce conflit larvé depuis le cessez-le-feu de 1953...

Hier, la tension a encore monté de plusieurs crans.

De sorte qu'au moment d'écrire ces lignes, hier soir, on ignorait totalement ce qui allait se produire au cours des heures suivantes.

Le niveau d'alerte a en effet été haussé au sein de la formidable armée nord-coréenne, la plus importante au monde au prorata de la population (plus d'un million de militaires pour 23 millions de citoyens). Au Sud, on a évacué l'île de Yeonpyeong, en mer Jaune, celle qui a été bombardée le 23 novembre.

À la veille d'exercices en mer Jaune menés par les forces navales sud-coréennes, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à huis clos. La Chine et la Russie (qui a réclamé cette réunion) ont défendu une position essentiellement dirigée contre la Corée du Sud. Ce serait à elle, estiment-ils, d'annuler les exercices à tirs réels devant avoir lieu aujourd'hui. Les autres membres permanents du Conseil, États-Unis en tête, estimaient que l'agression est venue du Nord et que le Sud n'a pas à être tancé. S'ils ont bel et bien lieu, ces exercices vont «déclencher un désastre», a menacé Pyongyang, qui a parlé de «guerre». Séoul a manifesté son intention de ne pas reculer...

* * *

Tout le monde s'entend sur une chose: comme à l'habitude, une part importante du problème repose sur le fait que personne n'est capable de «lire» les intentions réelles du régime de Pyongyang.

On sait que celui-ci est en période de transition, Kim Jong-il s'occupant à asseoir un de ses fils sur le trône de cette monarchie communiste. Il poursuit entre-temps ses desseins nucléaires, un énorme sujet d'inquiétude. «J'ai été stupéfié par l'ampleur et la sophistication du programme d'enrichissement de l'uranium, écrit (dans Foreign Affairs) Siegfried S. Hecker, expert en ce domaine, qui s'est rendu sur les lieux en novembre. Enfin, les échanges avec le régime de Pyongyang sont rudimentaires, souvent indirects: en fait, il n'existe même pas de «téléphone rouge» entre les militaires des deux Corée!

Une fois cette crise passée (sans qu'elle dégénère, faut-il espérer), il faudra que la communauté internationale, la Chine et les États-Unis au premier chef, planche sérieusement sur ce dossier qui, désormais, effraie littéralement.