Vendredi prochain, au Roy Thomson Hall de Toronto, aura lieu un débat inusité entre deux personnages qui, sauf pour leur origine britannique commune, sont aussi différents l'un de l'autre qu'on puisse l'être. Il s'agit de l'ancien premier ministre Tony Blair, récemment converti au catholicisme, qui vient de livrer ses mémoires dans A Journey. Et de l'auteur Christopher Hitchens, surtout connu pour son essai Dieu n'est pas grand/Comment la religion empoisonne tout, aujourd'hui atteint d'un cancer qui pourrait ne pas l'épargner.

Vendredi prochain, au Roy Thomson Hall de Toronto, aura lieu un débat inusité entre deux personnages qui, sauf pour leur origine britannique commune, sont aussi différents l'un de l'autre qu'on puisse l'être. Il s'agit de l'ancien premier ministre Tony Blair, récemment converti au catholicisme, qui vient de livrer ses mémoires dans A Journey. Et de l'auteur Christopher Hitchens, surtout connu pour son essai Dieu n'est pas grand/Comment la religion empoisonne tout, aujourd'hui atteint d'un cancer qui pourrait ne pas l'épargner.

À ce débat, il ne sera pas question de politique ou de littérature, mais de religion. Blair et «Hitch» (comme le surnomme affectueusement son entourage) chercheront à déterminer si les religions sont, oui ou non, des puissances agissant pour le bien.

Vous bâillez déjà? Vous avez sur le sujet une opinion arrêtée, dans un sens ou dans l'autre, et n'attendez rien du projet Blair-Hitch?

Alors, il vous faut savoir que les 2630 places de l'amphithéâtre sont vendues depuis longtemps. Qu'on offrira une transmission en direct du débat sur la webtélé ainsi que dans une seconde salle torontoise, réservée à la hâte pour éviter l'émeute. Qu'on attend maintenant les scalpers... comme s'il s'agissait d'un concert des Rolling Stones!

Certes, Tony Blair est un homme dont le magnétisme est grand. Et une réputation de redoutable tribun est accolée à Christopher Hitchens. Mais il ne fait aucun doute que ce qui attire ici est le sujet lui-même: la religion, la foi, les dieux et leurs oeuvres terrestres. Pour beaucoup de gens, en débattre est en effet, non pas d'un mortel ennui, mais d'une impérieuse nécessité.

* * *

Or, Blair n'aura pas la partie facile: dans les blogues, où on prend presque des paris sur la joute oratoire, il est donné perdant à cent contre un!

C'est un peu dommage, car l'ancien premier ministre a au sujet de la religion un discours étonnamment articulé. Un discours qui tranche avec le charabia bondieusard de grande consommation, meublé de pseudo-spiritualité à deux sous, quand ce n'est pas d'appels à une forme ou une autre de néo-inquisition.

Mais bon.

Blair n'aura pas surtout contre lui Hitchens: il aura contre lui la réalité. À partir du côté sombre des grandes religions, qui se font trop souvent remarquer par la violence commise en leur nom, les ségrégations diverses et la promotion de l'ignorance. Jusqu'à la p'tite vie des mini-églises plus ou moins assimilables à des sectes poussant comme des champignons partout, y compris à Montréal, en exploitant souvent les plus démunis.

Bref, il sera intéressant de voir comment Tony Blair interprétera ces réalités. Et comment le public entassé dans le Roy Thomson Hall s'y prendra pour souhaiter à Christopher Hitchens une meilleure santé, une longue vie... et un petit morceau de paradis avant la fin de ses jours.