Plusieurs États occidentaux, dont le Canada, ont annoncé, hier, un resserrement des mesures de sécurité dans les aéroports. Mais le fait est que rien ne sera efficace à 100% dans la prévention des attentats terroristes.

À supposer même que l'on parvienne à sécuriser le transport aérien, il restera le train, le métro et l'autobus, comme on l'a vu à Londres et à Madrid. Sinon, il y a les installations nucléaires, énergétiques, industrielles, informatiques. Puis les écoles, comme à Beslan ou les hôtels, comme à Bombay. Les discothèques, les amphithéâtres sportifs, les places commerciales, les routes...

 

D'autres idées?

Malgré cela, le ministre des Transports du Canada, John Baird, a donc annoncé l'installation de 44 scanneurs corporels destinés à des fouilles de «deuxième ligne» dans 11 aéroports du pays.

Dans le même temps, le président Obama a morigéné les services secrets pris en faute par le pants bomber. Paris a confectionné une liste de pays dont les ressortissants - ou les passagers y ayant séjourné - feront l'objet d'une attention particulière à l'embarquement. Londres a aussi annoncé la mise en service de scanneurs ainsi que le recours à un «profilage ciblé des passagers».

Profilage: le mot est lancé.

Or, apparaît vite une vérité inconfortable: s'il faut réorienter vers les êtres humains les efforts déployés par les services de sécurité, on n'évitera pas la prise en compte d'une foule de caractéristiques propres à chaque individu. Or, c'est bien ce qu'il faut faire. Car axer les efforts sur les objets - les sacs à main, le gel coiffant et les chaussures... - est une entreprise titanesque qui, à ce jour, n'aura réussi qu'à rendre impossible la vie des voyageurs. Ensuite, les attentats déjoués par anticipation l'ont été par des enquêtes sur des gens, pas sur des choses.

De fait, John Baird a aussi prévu l'exercice d'un profilage «comportemental» dans les aéroports canadiens, ainsi que le croisement de cette observation avec l'information disponible sur les passagers. Il ne sera pas effectué de profilage «racial ou ethnique» , précise-t-on.

Mais à partir de quel moment est-il inconvenant de scruter avec davantage d'attention un passeport indiquant telle nationalité plutôt que telle autre, en la possession d'un homme de 20 ans plutôt que d'une femme de 80 ans, ayant séjourné à Sanaa plutôt qu'à Val-d'Or? Peut-on jurer que la physionomie et le vêtement - lequel sert parfois de vitrine à l'obédience religieuse - ne seront pas aussi pris en compte? C'est impossible, bien sûr. Et il y aura, c'est certain, des «droits» qui seront brimés.

C'est d'ailleurs le cas actuellement: la peur fait en sorte que, dans tout bon aéroport, le droit à la libre circulation des citoyens, de tous les citoyens, est déjà joyeusement bafoué.

mroy@lapresse.ca