Nous publions aujourd'hui le second éditorial sur les controverses concernant le climat.

À Copenhague, les chefs d'État auront à prendre des décisions capitales à partir de données incertaines. Et, comme on l'a beaucoup répété, hier, ce sera capital pour la planète de demain. Ce le sera aussi pour les humains d'aujourd'hui.Les données incertaines concernent à peu près tout ce qui meuble le dossier des changements climatiques.

Il n'est donc pas étonnant que, à intervalles réguliers, les scientifiques associés au GIEC, le groupe onusien ad hoc, avouent s'être trompés dans leurs prédictions. Celles sur le réchauffement, sur la fonte des glaciers, sur le niveau des océans... sur tout, en somme. Ils le concèdent à nouveau dans The Copenhagen Diagnosis, une mise à jour rendue publique juste à temps pour le sommet.

C'est tout à leur honneur et on aurait tort de les blâmer: le sujet est à ce point complexe, en effet, qu'il défie les prédictions. Aussi, le GIEC est-il toujours demeuré prudent au moment de quantifier le réchauffement à long terme; laissant une large place à l'incertitude, il le situe dans son dernier rapport entre 1,1 et 6,4 degrés.

Quant aux décisions capitales à prendre, elles se résument en fait à une chose: quelle part de la richesse collective faut-il consacrer au CO2?

Chose sûre, les méthodes actuellement envisagées pour mener ce combat sont coûteuses. Selon les différents scénarios, elles pourraient engloutir chaque année entre 1 et 12,9% c'est pour l'instant incertain du total de l'économie mondiale. Dans la pire hypothèse, ce serait 6000 milliards $US en 2010, puis une augmentation graduelle jusqu'à atteindre 40 000 milliards en 2100!

Il y a à peine 10 ans, l'économie mondiale totale n'atteignait pas ce niveau...

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Il faut donc faire confiance au sommet de Copenhague pour qu'il en arrive à une entente sensée et responsable sur le CO2. Nous lui accordons cette confiance.

Mais nous lui demandons davantage.

Du fait de leur situation privilégiée, les décideurs réunis au Danemark jouissent plus que d'autres des lumières de la science et de la morale. Ils doivent par conséquent se montrer plus exigeants en matière d'environnement et de progrès humain.

Il n'y a pas que le carbone, en effet. Les problèmes de l'air, de l'eau, de l'environnement sanitaire, des déchets industriels ou domestiques, sont immédiats, gigantesques et meurtriers.

Plus de 80% des 6,8 milliards d'humains vivent dans des zones sous-développées. Les dépenses totales pour la santé des humains, 8,6% de l'économie mondiale, sont inférieures à ce qu'on consacrera peut-être au carbone. Un humain sur six n'a pas accès à l'eau potable et deux sur trois à de simples toilettes, de sorte que deux millions d'enfants en meurent chaque année.

Ceux-là ne verront pas la planète être sauvée.