Intégration et multiculturalisme, commission itinérante et forum public, burqa et crucifix... Toute la quincaillerie du choc des cultures, emballée chez nous sous l'étiquette des accommodements raisonnables et de la commission Bouchard-Taylor, se détaille maintenant à tous les bons comptoirs européens!

Cette semaine, l'inventaire s'est même enrichi de deux nouveaux objets.

D'abord, la Cour européenne des droits de l'Homme a condamné l'Italie en raison de la présence de crucifix dans ses écoles. L'affaire a fait hurler sur tout le continent; surtout en Italie, évidemment, où l'on plaide que le crucifix est un symbole culturel davantage que religieux - comme celui de l'Assemblée nationale, n'est-ce pas?

 

Second événement: l'ouverture officielle en France d'un débat sur l'identité nationale, véritable commission Bouchard-Taylor... avec un béret! (À lire le blogue de l'édito sur Cyberpresse.) Ce débat, décrété par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Éric Besson, sera nourri à même des audiences publiques dans les 96 départements du pays. L'affaire divise les Français selon les mêmes lignes de fracture que l'on a connues ici.

Depuis l'été, on le sait, une autre commission étudie le phénomène de la burqa, même s'il y en a peu: selon la police, 367 Françaises (!) la portent. Mais, comme pour les accommodements raisonnables à la SAAQ, ce n'est pas une question de quantité, mais de... de quoi, au juste?

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L'un des deux axes sur lesquels s'inscrit le débat concerne le caractère laïque de l'espace public.

En France, ce débat est facilité par la clarté du statut laïque de l'État et par la vigilance des lobbies athées dont il faut se souvenir que, à partir de la Révolution française, ils ont contribué à la construction et au maintien de cette laïcité. Par contraste, la Constitution canadienne place Dieu en position d'autorité. Et il n'existe pas au Québec de groupe de pression athée ayant l'articulation, la profondeur et la présence nécessaires pour avoir vraiment de l'influence.

Le second axe est celui de la dichotomie: intégration versus multiculturalisme.

À ce point de vue, les choses se ressemblent beaucoup là-bas et ici. Ainsi, le multiculturalisme d'inspiration anglo-américaine gagne des points en France. Et il s'y faufile par les mêmes canaux qu'au Québec: la gauche classique, une partie de l'élite intellectuelle et la... PPP, la petite politique politicienne, engagées dans une étrange union de fait.

Les communistes hurlent «Pétainiste!» (on crierait ici: «Hérouxvillois!») à la tête de Besson. La Rive gauche cultive son image «inclusive». Et Nicolas Sarkozy comptabilise les éventuels profits électoraux de cette agitation consultatoire flanquée, au niveau des actes, du plus parfait immobilisme!

Tout cela ne rappelle-t-il pas quelque chose? ...

mroy@lapresse.ca