Tout comme certains quartiers chauds de Vancouver ou de Toronto, Montréal-Nord a attiré l'attention de l'ONU - rien de moins - au cours des derniers jours. Une envoyée de l'organisme international, Gay McDougall, experte en droits des minorités, a en effet tenu des audiences dans ce quartier ébranlé par l'affaire Villanueva. Elle s'est aussi intéressée au Downtown Eastside, à Vancouver, ainsi qu'à Regent Park et au secteur Jane/Finch de Toronto, où sévissent l'un ou l'autre des maux que constituent l'itinérance, la drogue, le crime, les gangs de rue.

Dans son rapport préliminaire (le document définitif sera livré en mars), la représentante onusienne dresse une liste des griefs exprimés par des groupes de pression de Montréal-Nord, notamment quant au profilage racial qui serait exercé par les policiers. Et elle recommande que «toute enquête sur des bavures policières soit menée par des institutions perçues par la communauté comme indépendantes».

 

Bien franchement, nous avions déjà compris. Au surplus, l'affaire Villanueva et ses suites sont beaucoup trop complexes pour être réglées en un jour par des bons sentiments et des lieux communs.

De même, Gay McDougall relève certains problèmes socio-économiques vécus, notamment, par les nouveaux arrivants.

Là encore, il est difficile de voir comment l'ONU pourrait nous apprendre quoi que ce soit de neuf au sujet de ces difficultés, que nous savons réelles et sur lesquelles nous tentons d'agir. Cependant, existe-t-il un seul pays au monde où le nouvel arrivant accède instantanément et sans effort à l'emploi, au revenu, au statut dont il rêve? Si oui, seraient certainement enchantés de le savoir tous ceux qui choisissent de venir ici... légalement ou à bord d'un vieux rafiot affrété par des passeurs (auxquels l'ONU devrait d'ailleurs s'intéresser), comme ça vient de se produire dans l'ouest du pays.

Cela dit, il est vrai que le Canada a bel et bien un problème singulier: la bureaucratie fédérale utilise l'expression «minorité visible», ce qui, selon la fonctionnaire onusienne, conduit à négliger la spécificité des diverses communautés...

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Maintenant, soyons sérieux.

Il y aurait actuellement dans le monde 27 millions d'esclaves, enrôlés notamment en raison de leur race, souvent achetés au marché (!) dans une demi-douzaine de pays. En Afrique de l'Ouest, 200 000 enfants sont vendus chaque année. Le Togo est l'une des plaques tournantes du trafic des mineurs. Dans 41 pays, on trouve 300 000 enfants-soldats. À chaque seconde, des massacres fondés sur l'ethnie sont perpétrés... Dans ce décor, signaler que le Canada pèche en utilisant l'expression «minorité visible» est parfaitement saugrenu.

Depuis des années, l'ONU - ou ses constituantes et tentacules - parvient à se rendre ridicule presque à chaque fois qu'elle s'intéresse aux droits de l'homme.

Visiblement, ce n'est pas aujourd'hui que ça va cesser.