Hamid Karzaï a accepté, hier, les résultats révisés de l'élection présidentielle du 20 août et donné son accord à la tenue d'un second tour de scrutin, prévu pour le 7 novembre.

Urgemment pressé en ce sens par l'ONU, par la communauté internationale (dont le Canada) et surtout par les États-Unis, le président afghan avoue ainsi tacitement que le premier tour aura été un véritable festival de la fraude électorale. Près d'un million des trois millions de bulletins comptés en sa faveur ont en effet été déclarés invalides. Cela ramène à 49,67% la part des voix qu'il a récoltées, d'où la nécessité du second tour devant l'opposer au docteur Abdullah Abdullah, l'aspirant le plus sérieux avec une part révisée d'environ 31% des voix.

 

Il demeure une mince possibilité pour qu'une entente entre les deux hommes sur une forme quelconque de gouvernement d'unité nationale vienne rendre inutile le vote du 7 novembre.

Sinon, la seule chose qu'on gagne ici est un bon point pour le respect de la constitution et du processus électoral - et ce, dans un pays qui s'est rarement payé un tel luxe, fut-il déparé par les circonstances dans lesquelles tout cela s'est déroulé.

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Ce qui est moins réjouissant, en effet, est la perspective d'un retour aux urnes alors que l'hiver (ah! le terrible hiver afghan!) aura débuté. Que le niveau de violence ne cesse de monter dans le pays ainsi que dans le Pakistan voisin. Que l'espoir d'obtenir un taux de participation décent est cette fois à peu près nul (la participation valide a à peine dépassé les 30% en août). Que la Maison-Blanche, tout comme l'ensemble de la communauté internationale, nage dans le doute. Que, même s'il devait être bel et bien réélu, Hamid Karzaï n'a plus la confiance de Washington...

Ce dernier point importe puisque l'avenir du pays repose en bonne partie sur la décision que doit prendre incessamment Barack Obama: augmenter ou non la présence militaire américaine (et peut-être, par effet d'entraînement, internationale) en sol afghan. Pour l'heure, le président des États-Unis ne donne aucun indice sur ses intentions; la Grande-Bretagne envoie 500 soldats supplémentaires; la France a annoncé qu'elle ne s'impliquerait pas davantage; le Canada maintient sa décision de se retirer en 2011.

Dans ce contexte, le second tour de scrutin peut être vu comme le processus - incertain et pénible - par lequel le chef d'État afghan s'assurerait le minimum de légitimité nécessaire pour asseoir le bon droit d'une contre-insurrection plus musclée, dut-elle venir.

Compte tenu d'une situation qui se détériore à la vitesse grand V dans cette région du monde, c'est bien peu. Mais c'est rigoureusement indispensable.