On peut voir la chose comme une simple formalité. Le nouveau président des États-Unis d'Amérique est venu se présenter aux Canadiens, hier, comme cela doit se faire en vertu d'une tradition rarement brisée. Il a sacrifié à ce rite en effectuant une très courte visite que la presse américaine a qualifiée de «pit stop», un arrêt aux puits...

Mais on peut aussi voir la chose autrement. Et considérer que le bref séjour de Barack Obama à Ottawa inaugure une ère nouvelle dans les relations canado-américaines (et plus encore, on le verra), exactement comme son entrée à la Maison-Blanche a tourné une page d'histoire aux États-Unis mêmes.

 

Certes, le principal facteur de changement réside d'abord, par effet de comparaison avec l'ancien président, dans la personnalité, le style et le programme politique d'Obama.

Il n'est plus d'aucune utilité d'accabler George W. Bush (ou de lui lancer des chaussures!: il est maintenant remisé de façon définitive au garde-meubles de l'histoire. Mais il faut tout de même se rappeler à quel point sa vision du monde était antique; ses perspectives d'avenir étroites; ses ambitions confinées à celles dictées par une conception unilatérale de l'intérêt national américain. Or, il est banal de constater que le président Obama a une compréhension du monde beaucoup plus large; des vues sur l'avenir plus conséquentes avec ce qu'on sait des dangers et des défis qui guettent; une conception plus globale, conviviale et à la fois pragmatique de l'intérêt national de son pays.

C'est cette quasi-révolution que Barack Obama est en réalité venu présenter au premier ministre Stephen Harper et, par ricochet, au monde. Une quasi-révolution surtout dans le rapport des États-Unis avec le monde, justement: le réseau CNN a ainsi retenu de la visite d'Obama au Canada que le président vient «d'appuyer sur le reset button (le bouton de réinitialisation) de la politique extérieure américaine».

C'est bien davantage qu'une formalité!

On trouvera ailleurs dans ces pages la liste détaillée des sujets, de la relance économique à l'Afghanistan, qui ont retenu l'attention des deux chefs d'État au cours de ces quelques heures.

L'entente la plus formelle, évidemment cuisinée à l'avance, est celle portant sur une coopération en matière de recherche et de technologie quant à la captation des gaz à effet de serre. Ceux produits indifféremment, peut-on présumer, par le traitement des sables bitumineux de l'Ouest canadien ou les centrales au charbon meublant le paysage américain.

Autrement, le ton adopté par les deux hommes, Obama et Harper, a été posé et, autant que faire se peut, rassurant... en particulier en ce qui touche les échanges commerciaux entre les deux pays.

On verra dans les semaines et les mois à venir - et c'est peut-être ce qui est le plus important - de quelle nature est la relation personnelle que le président et le premier ministre auront établie.