Au soir du 6 mai 2012, alors qu'il venait d'être battu rondement par le socialiste François Hollande à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il aspirait à « redevenir un Français comme les autres ».

Trois ans plus tard, cette volonté d'effacement a vécu. Le fougueux politicien, qui rêve de reprendre la barre de l'État en 2017, parle aujourd'hui de fédérer sous son aile tous ceux qui « souffrent de voir la République reculer tous les jours et qui veulent opposer à ce recul un refus déterminé ».

L'ex-président a voulu donner une illustration concrète de cette ambition unificatrice en faisant rebaptiser il y a quelques jours le parti qu'il chapeaute, l'UMP, du nom des « Républicains ».

Des cris se sont élevés à gauche contre l'initiative, vue comme une tentative inacceptable « d'appropriation du bien commun ». Une démarche en justice a même été initiée, en vain, pour empêcher le politicien de s'auréoler symboliquement de la référence républicaine.

La métamorphose nominative de l'UMP reflète la reprise en main du parti de la droite traditionnelle par Nicolas Sarkozy, qui espère l'utiliser comme machine de guerre dans sa reconquête du pouvoir. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres.

Il doit d'abord remporter une primaire inusitée prévue pour l'automne 2016.

Son rival le plus sérieux est l'ex-premier ministre Alain Juppé, qui cherche à se poser en « vieux sage » en critiquant la propension de son adversaire à « susciter les conflits ».

Les multiples casseroles juridiques qui suivent Nicolas Sarkozy pourraient aussi lui jouer un mauvais tour.

La principale pierre d'achoppement potentielle demeure cependant son impopularité. Selon un récent sondage, pas moins des trois quarts des Français ne veulent pas qu'il se représente.

François Hollande ne fait guère meilleure figure sur ce plan et sa cote demeure des plus basses après trois années à la présidence. Son entourage assure néanmoins qu'il est sûr de vaincre Nicolas Sarkozy.

Le chef des Républicains a la conviction inverse et répète à qui veut l'entendre, selon l'Obs, que le socialiste est « un petit » en rapprochant le pouce et l'index pour illustrer son propos.

L'absence de popularité des deux hommes a tout pour réjouir la dirigeante du Front national, Marine Le Pen.

Les sondages indiquent qu'elle a une forte chance d'être propulsée au second tour du scrutin présidentiel comme ce fut le cas en 2002 pour son père, Jean-Marie Le Pen. L'onde de choc résultante avait permis au président sortant, Jacques Chirac, d'être réélu avec une très large majorité.

Si elle se concrétise, et que l'extrême droite se maintient à son niveau actuel dans les intentions de vote, la bataille revanche entre Nicolas Sarkozy et François Hollande risque de se jouer véritablement au premier tour.

Avec, en prime, une victoire pratiquement assurée pour l'un des deux hommes au second tour, déficit de popularité ou non.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion