À quoi mesure-t-on la richesse d'une nation ?

Si vous avez répondu par la force de son économie, vous avez (en partie) tort. Selon le nouveau classement du Social Progress Index (SPI), publié cette semaine, la richesse d'une société ne se voit plus uniquement à sa croissance économique. En 2016, il faut désormais considérer d'autres normes sociales que celles comptables pour avoir une bonne idée du bien-être des citoyens : la sécurité sociale, l'accès à l'éducation supérieure et aux soins de santé, les droits de la personne, la tolérance, l'inclusion des minorités, entre autres.

D'ailleurs, à l'exception du Canada, qui fait partie du top 10 des pays les plus riches selon le Fonds monétaire international (FMI), aucune superpuissance économique ne figure à la tête du palmarès du SPI.

Le Canada arrive en seconde place parmi les 133 pays recensés, juste derrière la Finlande, mais devant le Danemark, l'Australie et la Suisse.

La Nouvelle-Zélande passe au 10e rang, après avoir été en tête du classement en 2015. À la queue du peloton mondial du SPI, on retrouve le Tchad, l'Afghanistan et l'Afrique centrale.

Lancé en 2012 par l'organisme Social Progress Imperative, à l'initiative d'experts américains en économie sociale, dont le professeur émérite de la Harvard Business School Michael E. Porter, cet index mondial se veut un complément au PIB (produit intérieur brut) par habitant. De nos jours, pour avoir un portrait juste et complet de la qualité de vie des citoyens du monde, on ne peut plus se baser uniquement sur des données mercantiles. On le voit avec l'écart croissant entre les nantis et les pauvres au sein de pays qui mettent tous leurs oeufs dans le panier économique.

Selon le professeur Porter, le SPI est voué à devenir l'outil de mesure du XXIe siècle, parce qu'il est plus juste que le PIB, utilisé depuis près de trois quarts de siècle.

Selon lui, il est impératif de classer les pays à la lumière de leurs avancées en matière d'environnement, de justice et d'équité sociale, des besoins primaires (logement, alimentation, soins de santé) pour avoir une meilleure idée de la qualité de vie dans chaque pays. On ne peut qu'être en accord avec cette vision macroéconomique. Une nation est riche du bonheur de l'ensemble de sa collectivité.

La liberté individuelle, les possibilités d'avancement, la sécurité, la tolérance et l'inclusion des minorités, entre autres catégories, sont aussi des indices de progrès social. En analysant le classement du SPI, on a une idée plus juste du bien-être général de chaque pays. Le cas des États-Unis est révélateur. Au premier rang du classement mondial basé sur le PIB, les États-Unis sont au 19e rang dans celui du SPI. Malgré la relance de l'économie américaine, ce pays fait piètre figure en matière d'accès à l'éducation supérieure (40e), des soins médicaux de base (37e) et de la sécurité personnelle (27e). Dans des catégories comme la santé et le mieux-être (wellness), des pays comme le Pérou et le Panama devancent les États-Unis !

Autre découverte, le Canada et l'Australie, aux deuxième et troisième rangs, affichent de meilleurs résultats que les pays scandinaves. Selon le directeur général du SPI, Michael Green, le fameux « modèle scandinave » n'a plus l'apanage du progrès social. « On voit que ce n'est pas seulement ces pays nordiques qui sont des exemples de nations socialement responsables. »

Alors qu'on s'apprête à fêter le 150e anniversaire de la Confédération, souhaitons que le Canada demeure un modèle de progrès social sur la planète.

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