Le 25 juin dernier, Larry Kramer a eu 80 ans. Un âge vénérable qui représente, dans son cas, un véritable miracle ! Car l'auteur et militant homosexuel new-yorkais a vécu près de la moitié de sa vie avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. En 1987, bien avant l'arrivée de la trithérapie, Kramer a contracté le VIH, quelques années après avoir lancé le Gay Men's Health Crisis et Act Up, un groupe de militants de lutte contre le sida.

Kramer est donc un survivant. Et aussi un symbole de la résilience des séropositifs en Amérique du Nord. Ces gens qui, en plus de lutter pour leur santé, doivent se battre contre les préjugés de la société. Des hommes et des femmes qui ne font jamais la une des magazines pour parler de « leur cancer ».

« Le sida est apparu en 1981. Et, hélas, il reste encore une stigmatisation des séropositifs », se désole le Dr Réjean Thomas. Ce qui explique que 34 ans plus tard, un grand nombre de personnes avec des comportements sexuels à risque refusent de passer un simple test de dépistage. « Dans leur tête, ils n'accepteront jamais de pouvoir être porteurs du VIH », dit le président cofondateur de la clinique L'Actuel à Montréal. Selon le médecin, le dépistage demeure le principal défi de l'avenir : « Il y a environ 25 % de personnes porteuses du VIH qui ne sont pas dépistées au Canada. Plus du double dans les pays en développement. »

La prévention et le traitement ont été au menu de la Conférence internationale sur le sida (IAS 2015) qui s'est terminée jeudi dernier à Vancouver. À l'heure actuelle, plus de 35 millions de personnes vivent avec le VIH (dont 70 % en Afrique subsaharienne). Or, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime pouvoir éliminer la pandémie d'ici 15 ans. « La baisse vertigineuse de plus d'un tiers des infections par le virus VIH sur une quinzaine d'années fait espérer d'en finir d'ici 2030. Le monde est bien parti pour une génération sans sida », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il y a quelques jours lors d'une réunion des Nations unies à Addis-Abeba.

Un objectif irréaliste aux yeux de plusieurs des quelque 6000 chercheurs et scientifiques qui ont participé à la conférence de Vancouver.

Car il reste beaucoup de chemin à faire pour changer les mentalités et renforcer la volonté politique, avant que la prévention devienne un enjeu de santé publique.

Et qu'on puisse vivre dans un monde sans sida.

C'est bien beau, l'efficacité des traitements, la thérapie hâtive et la prise en charge des patients. Mais ne dit-on pas qu'il vaut mieux prévenir que guérir ?

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