Le festival Osheaga qui s'est déroulé à guichets fermés le week-end dernier a fait beaucoup d'heureux. Et pas seulement parmi les mélomanes qui ont payé jusqu'à 225$ pour assister aux trois jours de concerts.

Si à Saint-Lambert plusieurs citoyens ont dénoncé les décibels qui ont vogué jusqu'à eux, à Montréal, dans les entreprises liées au tourisme, c'était plutôt la jubilation.

Les hôtels, qui ont vu leurs tarifs augmenter de 37%, affichaient complet avec un taux d'achalandage atteignant 98%. Les Montréalais qui louent leurs appartements sur Airbnb ont fait des affaires en or. Les restaurateurs et les chauffeurs de taxi ont tous remarqué la présence des festivaliers grâce aux bracelets qu'ils portaient au bras.

En tout, quelque 135 000 personnes ont assisté au festival organisé pour la neuvième année par evenko. De ce nombre, 67% étaient en visite de l'extérieur du Québec, dont une majorité du Canada anglais.

Qu'a coûté Osheaga au gouvernement? Tout juste 400 000$ en subventions provinciales. Une véritable aubaine considérant les retombées économiques estimées à quelque 30 millions par les organisateurs.

La comparaison avec le Grand Prix de Montréal est particulièrement frappante. Selon une étude d'impact réalisée en 2013 par le Bureau d'études stratégiques et techniques en économique et dont nous avons obtenu copie hier, la course de Formule 1 attire environ 63 090 visiteurs de l'extérieur de Montréal et a un impact économique de 71,5 millions chaque année.

Ces résultats sont tout relatifs. Puisque les organisateurs du Grand Prix ne rendent pas leurs chiffres d'assistance et le profil de leurs visiteurs publics, les estimations sont approximatives et sont basées sur des hypothèses de l'auteur de l'étude, l'économiste Jean-Marc Bergevin.

Combien coûte le Grand Prix de Montréal aux contribuables? La nouvelle entente conclue en juin, signée pour une période de 10 ans, s'élève à 219 millions, soit une moyenne de plus de 20 millions par année. La somme est partagée entre le fédéral, le provincial, le municipal et Tourisme Montréal.

Si on fait la comparaison avec Osheaga, les subventions accordées au Grand Prix sont 52 fois plus élevées que celles versées au festival de musique, et ce, pour un peu plus du double des retombées économiques.

Certes, l'impact du Grand Prix n'est pas qu'économique. Montréal gagne à être vu par des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde pendant la durée de la compétition. Il est cependant effarant de constater qu'aucun ordre de gouvernement n'a commandé et rendu publique une étude rigoureuse, qui aurait coûté environ 30 000$, pour évaluer l'impact réel du Grand Prix avant de signer un chèque pour 10 ans, et ce, dans un contexte d'austérité budgétaire.

À sa manière, Osheaga démontre qu'il est possible d'attirer beaucoup de touristes à Montréal et de fouetter l'économie de la métropole sans pour autant verser une fortune en subventions.

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