La Malaisie, les États-Unis et la Russie, pour ne nommer que ceux-là, ont tous demandé hier la tenue d'une enquête « crédible » et « impartiale » pour comprendre comment un Boeing 777 de Malaysia Airlines a été abattu au-dessus du sud-est de l'Ukraine. La demande va de soi, la réponse, elle, sera beaucoup plus compliquée.

On est ici dans un contexte de guerre entre un État précarisé, l'Ukraine, et des rebelles pro-russes qui contrôlent le territoire où a eu lieu l'accident. Un maximum de doigté sera nécessaire pour obtenir de vraies réponses aux questions entourant cette catastrophe qui a coûté la vie à 298 personnes.

Deux enquêtes

D'ailleurs, ce n'est pas une seule enquête qui aura lieu, mais deux. La première, régie par les règles de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), établira les causes de l'accident. Y avait-il un bris technique dans l'avion ? L'appareil était-il bien entretenu ? Comment l'avion a-t-il réagi après avoir été percuté par un missile ? Cette procédure, dont la responsabilité revient à l'Ukraine, ne permettra pas de nommer les coupables. Ce genre d'enquête a pour but de prévenir de nouveaux accidents.

On sait d'ores et déjà que ce travail ne sera pas facile. Les rebelles pro-russes ont en leur possession les boîtes noires de l'avion et selon plusieurs rapports, comptent les confier à la Russie, en contravention de la loi internationale. On sait aussi que la scène de l'accident a déjà été mise à mal par les rebelles autant que par des civils qui ont ratissé les débris.

L'Ukraine peut demander de l'aide et, déjà, plusieurs pays ont offert leur assistance, mais le travail des enquêteurs sera un réel cauchemar si un cessez-le-feu n'est pas mis en place au plus vite. Tout ça pour obtenir des réponses techniques.

Pour identifier les responsables, une deuxième enquête - policière celle-là - doit aussi se mettre en branle. Hier, Barack Obama a annoncé que des agents du FBI se rendaient en Ukraine. Expert en aviation à l'École de technologie supérieure, François Morency note que les Américains sont les mieux équipés pour enquêter, notamment grâce aux images satellites auxquelles ils ont accès.

Leur impartialité est cependant mise en doute. Hier, le président américain a montré du doigt les rebelles pro-russes. On peut déjà imaginer que Vladimir Poutine rejettera d'un revers de main les conclusions du FBI, surtout si son pays est au banc des accusés.

Pour éviter une bataille diplomatique sans fin, il est impératif qu'un comité international d'experts soit mis sur pied sous la supervision des Nations unies. Ce n'est pas une procédure habituelle, mais dans les circonstances, elle s'impose. Cela prendra sans doute plusieurs jours, voire semaines, mais considérant que l'enquête durera des années, c'est peut-être un moindre prix à payer pour faire la lumière sur cette tragique affaire.

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