Ça y est, la course à la présidence a démarré aux États-Unis.

Le déclenchement des hostilités est survenu il y a deux jours. Un signe qui ne trompe pas: pour la première fois, le président Barack Obama a attaqué nommément Mitt Romney, dans un discours, mais aussi par le truchement de publicités à la télé, ce qu'il s'était abstenu de faire auparavant.

Et pour cause: la cible républicaine était trop floue. Malgré son statut de favori, l'ex-gouverneur du Massachusetts en a mis du temps à se démarquer de ses adversaires, pourtant plus faibles et moins fortunés, qui lui ont donné du fil à retordre durant plusieurs mois.

Mais en complétant un tour du chapeau aux primaires de mardi, dont celle chaudement disputée au Wisconsin, M. Romney peut maintenant se comporter comme si l'investiture républicaine était dans la poche.

Son principal opposant, l'ultraconservateur Rick Santorum, devra se contenter de finir bon deuxième, avec potentiellement une victoire dans son État de Pennsylvanie comme prix de consolation à la fin avril. Quant à Newt Gingrich, qui a vu son principal bailleur de fonds fermer le robinet, sa campagne est en perdition depuis sa déconfiture au «super mardi».

Autre indice que le duel présidentiel bat son plein: depuis sa triple victoire de mardi, Mitt Romney ignore ses adversaires républicains pour diriger ses salves exclusivement vers le président Obama.

Ainsi, après le sénateur John McCain en 2008, ce sera au tour du multimillionnaire Romney de se mesurer à Barack Obama pour la conquête de la Maison-Blanche. La plupart des sondages donnent gagnant le président démocrate pour le moment. À première vue, M. Romney affronte une côte abrupte. L'économie américaine, sans être vigoureuse, a repris du poil de la bête, le taux de chômage a fléchi sous les 9%, des nouvelles encourageantes qui favorisent la réélection d'un président.

Toutefois, l'électorat reste volatil, il se comporte en girouette qui change de camp au gré des nouvelles qui affectent le portefeuille des Américains. On en a eu une petite idée lorsque le prix de l'essence a grimpé aux États-Unis récemment. La popularité du président Obama a aussitôt fléchi de quelques points.

Également, la décision fort attendue de la Cour suprême, en juin, au sujet de la constitutionnalité de la loi sur l'assurance-santé aura des répercussions importantes sur la campagne présidentielle. Pendant les trois jours d'audience, les juges conservateurs, majoritaires, ont donné l'impression de vouloir invalider le coeur de la législation (qui force tous les Américains à souscrire à une assurance-santé), sinon la totalité de la loi, ce qui constituerait un revers majeur pour l'administration Obama. M. Romney s'est parfois éloigné, contre son gré, de son discours centriste pour courtiser les militants du Tea Party, une frange dont l'influence a grimpé en flèche chez les républicains ces dernières années. Même si M. Romney leur paraît mièvre, les éléments plus radicaux devraient se rallier. Après tout, les partisans du Grand Old Party ont un objectif viscéral en commun: sortir Barack Obama de la Maison-Blanche.

Par contre, ce virage à droite de M. Romney pourrait s'avérer un couteau à deux tranchants et lui coûter des votes précieux cet automne chez les indépendants, dont l'appui reste essentiel pour accéder à la présidence. Sans compter qu'il est boudé par une forte proportion de l'électorat féminin, davantage allergique au discours conservateur.

Chose certaine, la campagne présidentielle est susceptible de nous réserver plusieurs revirements.