Les résultats des primaires du «super mardi» confirment la tendance: Mitt Romney deviendra le candidat républicain à la présidentielle américaine. Éventuellement. Par défaut.

L'ancien gouverneur du Massachusetts demeure l'unique option valable si le GOP espère reprendre possession de la Maison-Blanche. Mais les républicains jetteront leur dévolu sur lui à contrecoeur, dépourvus de passion pour leur poulain. Le parcours cahoteux, pour ne pas dire chaotique, du favori le démontre depuis le début de la campagne.

À preuve, la victoire in extremis de M. Romney contre Rick Santorum en Ohio, un état crucial pour tout prétendant républicain qui aspire à devenir président des États-Unis. Bien qu'il ait triomphé dans six des 10 états à l'enjeu au «super mardi», M. Romney a échoué dans sa tentative de porter un coup fatal à ses trois opposants.

C'est finalement à l'usure, en grappillant une majorité de délégués désignés ici et là, par un calcul purement mathématique, que M. Romney finira par décrocher la nomination. Mais à un prix exorbitant qui pourrait lui nuire dans son duel contre Barack Obama.

Malgré des moyens financiers gigantesques, plus élevés que ses opposants réunis, Mitt Romney n'est jamais parvenu à profiter d'un momentum suffisant pour envoyer au plancher ses rivaux, qui ont réussi à le faire mal paraître en maintes occasions. L'aile conservatrice du parti persiste à bouder ce candidat trop centriste à son goût, malgré ses tentatives répétées, sincères ou non, de séduire la droite.

Peine perdue pour lui, les autres candidats ne donnent pas l'impression de vouloir lancer la serviette. Rick Santorum a gagné dans trois états et a même donné la frousse à M. Romney en Ohio mardi. Vainqueur dans «sa» Géorgie, Newt Gingrich jouera son va-tout dans les prochaines primaires qui auront lieu dans des états du Sud. Plus longtemps ils resteront en piste, plus les dissensions ressortiront entre les franges modérée, conservatrice et religieuse de la mosaïque républicaine, et plomberont conséquemment les chances de Mitt Romney de détrôner Barack Obama à l'automne.

Bien sûr, une fois l'investiture du GOP dans la poche, M. Romney devrait pouvoir compter sur l'appui de l'ensemble des républicains qui ont, malgré leurs différences marquées, un ennemi commun: Barack Obama. Toutefois, plus M. Romney devra consacrer de l'énergie à rallier les ultraconservateurs, plus il se mettra à dos les indépendants, sans lesquels il est condamné à l'échec à la présidentielle.

Contrairement à M. Obama, qui était ressorti plus fort de sa guerre de titans contre Hillary Clinton en 2008, Mitt Romney fait face à une opposition plus faible. Il en arrache malgré tout. Qu'en sera-t-il quand il se mesurera au président démocrate?

Le sursaut de vigueur de l'économie américaine depuis quelques mois contribue à faire grimper le taux d'approbation de M. Obama chez les Américains. De quoi ajouter aux maux de tête de M. Romney.