Dans six mois, les yeux du monde entier seront rivés sur Londres qui accueillera les Jeux olympiques d'été. La marche du podium sera haute pour les Britanniques.

Soucieuse de présenter des Jeux qui reflétaient son ascension fulgurante vers le sommet de la hiérarchie mondiale, la Chine n'avait pas lésiné pour en mettre plein la vue aux Jeux de 2008 à Pékin: organisation impeccable, cérémonies flamboyantes, installations flambant neuves, métropole «dépolluée». L'argent coulait à flots. L'économie planétaire était florissante à cette époque... jusqu'à la crise financière qui a éclaté un an après ces Olympiques.

Londres n'a pu profiter de conditions économiques aussi favorables, bien au contraire. La récession a frappé la Grande-Bretagne de plein fouet. À contre-courant de la majorité des pays industrialisés, le gouvernement Cameron a imposé de sévères mesures d'austérité pour comprimer les dépenses de l'État et tenter d'endiguer le marasme. Mais le pays peine à sortir du bourbier. Le taux de chômage a atteint 8,3% en décembre dernier, du jamais vu en 17 ans. La crise de l'euro a aussi miné les efforts du Royaume-Uni.

Depuis que Londres a coiffé Paris au fil d'arrivée en juillet 2005 pour la présentation de la XXXe olympiade, les Britanniques ont eu maintes fois l'occasion de regretter de s'être lancés dans pareille aventure. Le budget pharaonique a quadruplé et la facture frôlera les 15 milliards de dollars, de quoi leur faire perdre leur flegme légendaire.

La majeure partie des déboursés a été consacrée à l'amélioration du système de transport en commun, mais surtout à la construction d'infrastructures sportives et à la réfection d'installations existantes comme les réputés stade Wembley et complexe de tennis de Wimbledon. Signe encourageant, les travaux respectent les échéanciers.

Au fil des ans, la sécurité des athlètes et des spectateurs est devenue une préoccupation grandissante et incontournable. Elle gruge une portion importante du budget des Jeux. Londres ne fera pas exception. La crainte d'un attentat est constante dans l'esprit des organisateurs et du gouvernement Cameron. Les sommes affectées à la sécurité ont explosé pour franchir le cap du milliard de dollars. Plus de 23 500 policiers et soldats patrouilleront dans Londres durant les 17 jours de compétitions.

Compte tenu des sommes astronomiques qui y sont englouties, les Jeux olympiques en valent-ils encore la chandelle? Sûrement. Au milieu de la grisaille des crises internationales, ce grand rendez-vous sportif fort attendu est une trop rare source de réjouissances et de solidarité universelle pour qu'on s'en prive. Des moments magiques et inoubliables où on célèbre la quête de dépassement de milliers d'athlètes, les plus talentueux de la planète.

C'est un luxe, certes. Mais un luxe indispensable.