Mitt Romney a franchi un pas important vers l'investiture républicaine en remportant une victoire à l'arraché en Iowa, qui a officiellement lancé mardi la course aux primaires. Cependant, il lui reste beaucoup de chemin à parcourir avant de mériter d'affronter Barack Obama aux présidentielles de novembre.

En décrochant à peine 25% des voix, M. Romney doit éviter de faire le paon même s'il a connu un bon départ. Après tout, il n'a pas fait mieux qu'en 2008, alors qu'il avait terminé deuxième. Il a simplement tiré profit de la division du vote des chrétiens évangéliques pour se faufiler devant le surprenant Rick Santorum (seulement huit votes de moins) et le libertarien Ron Paul.

Par ailleurs, l'Iowa n'est pas un baromètre fiable pour évaluer l'humeur des républicains au plan national: dans le passé, le candidat qui a gagné l'investiture a souvent échoué dans ce petit État du Midwest américain. Il y a quatre ans, John McCain avait même terminé troisième avec 13% des suffrages, ce qui ne l'avait pas empêché de devancer éventuellement Mike Huckabee et... Mitt Romney.

De quoi consoler Newt Gingrich qui a récolté un score identique au sénateur McCain mardi. Il peut encore vivre d'espoir, car il est toujours au coude à coude avec M. Romney dans les sondages à l'échelle nationale. Les caucus en Iowa auront fait une première victime en Michele Bachman, qui a jeté l'éponge hier. Et la candidature de Rick Perry, autre grand perdant, ne tient plus qu'à un fil.

Dans son fief de la Nouvelle-Angleterre, M. Romney devrait triompher sans grande opposition au New Hampshire, mardi prochain. C'est ensuite que les choses pourraient se corser. En particulier en Caroline du Sud, où les deux derniers candidats républicains à la présidence, George W. Bush et John McCain, l'ont emporté. Or, comme en Iowa, on retrouve dans cet État du Sud une forte composante de chrétiens évangéliques. Les Santorum, Paul et Gingrich attendent donc M. Romney dans le détour.

D'ici ce rendez-vous du 21 janvier, Rick Santorum, le dernier candidat en lice à mener une charge contre M. Romney, devra mettre les bouchées doubles pour amasser des fonds et monter une organisation nationale, présentement déficiente. L'ancien sénateur de la Pennsylvanie, farouchement opposé au droit à l'avortement et au mariage gai, pourrait manquer de temps.

De son côté, M. Romney devra tendre la main à la frange conservatrice, dont l'appui lui a fait cruellement défaut jusqu'à maintenant. Le mal-aimé du Grand Old Party devra durcir son image trop centriste s'il veut convaincre les partisans plus à droite qu'il est le seul candidat républicain en mesure de détrôner Barack Obama en novembre.

Par contre, si le mouvement anti-Romney tarde à se mobiliser rapidement derrière un seul adversaire, il pourrait contribuer involontairement au couronnement de M. Romney à la convention de Tampa, en août. Ce serait un mal pour un bien, dans la mesure où les positions plus modérées de M. Romney placeraient le Parti républicain en meilleure posture pour reconquérir la Maison-Blanche.