Le déclin démographique tant redouté au Québec n'aura pas lieu. La dernière mouture du Bilan démographique du Québec, pondue par l'Institut de la statistique du Québec, le confirme: la hausse significative de la fécondité et de l'immigration a renversé la vapeur. Un peu trop tard, malheureusement.

Le déclin démographique tant redouté au Québec n'aura pas lieu. La dernière mouture du Bilan démographique du Québec, pondue par l'Institut de la statistique du Québec, le confirme: la hausse significative de la fécondité et de l'immigration a renversé la vapeur. Un peu trop tard, malheureusement.

En 2008, la population québécoise a enregistré sa plus forte croissance en presque 20 ans et atteint maintenant 7,8 millions d'habitants. Moins que la moyenne canadienne, toutefois. Le poids démographique de la province, présentement à 23,2%, poursuit donc sa chute.

Les mamans québécoises ont largement contribué à cette expansion de la population. Pour une sixième année d'affilée, le nombre de naissances a augmenté et, avec 87 600 nouveau-nés, le Québec a récolté l'an dernier son meilleur score depuis 1995.

Parallèlement, le nombre de décès grimpe moins rapidement. Et de plus en plus d'immigrants – 45 200 en 2008 – sont accueillis chez nous.

Si la combinaison de tous ces facteurs a stoppé net le déclin démographique, elle ne pourra pas empêcher le vieillissement accéléré de la population que nous nous apprêtons à vivre au Québec. Dans les prochaines années, la pyramide des âges prendra une tout autre forme.

Les Québécois issus de la génération du baby-boom atteindront progressivement «l'âge d'or». Si bien que dans 20 ans, le quart de la population aura plus de 65 ans, comparativement à 15% présentement. Par ailleurs, l'espérance de vie dépasse maintenant 81 ans. Comme elle a progressé de deux ans en moins d'une décennie, on peut penser qu'elle continuera à croître.

Ce phénomène de vieillissement exercera beaucoup de pression sur les dépenses en santé, qui monopolisent déjà 45% du budget du gouvernement québécois, si on considère qu'un Québécois de 75 ans nécessite quatre fois plus de soins qu'un adulte de 45 ans.

Le drame, c'est que de moins en moins de travailleurs seront en mesure de verser des impôts au trésor québécois. La tranche de la population active, âgée de 15 à 64 ans, qui oscille autour de 70% depuis 30 ans, dégringolera rapidement à 60% en une quinzaine d'années. La poussée à la hausse des naissances arrive donc trop tard. Sans parvenir à juguler l'hémorragie de travailleurs, l'arrivée de jeunes immigrants instruits, qui composent 59% des nouveaux arrivants, mettra un peu de baume sur la pénurie de main-d'oeuvre.

Devant cette tendance inéluctable, le gouvernement québécois sera confronté à un défi herculéen pour maintenir ses finances à flot.

Puisque le bassin de travailleurs est appelé à diminuer, le Québec n'aura d'autre choix que d'accroître sa productivité pour générer de la croissance. Sinon, c'est le niveau de vie des Québécois qui en pâtira. Or, nous avons beaucoup de pain sur la planche, comme en témoigne le cri d'alarme lancé par la Fédération des chambres de commerce vendredi. Les entreprises doivent accélérer leurs investissements en machinerie et équipement, parmi les plus faibles au Canada, sous peine de manquer le bateau de la relance. La bonification du crédit d'impôt à l'investissement accordé par le gouvernement québécois est un pas dans la bonne direction. Reste aux compagnies de s'en prévaloir.

Alors, hausses de tarifs et des taxes, ou bien diminution des services? Des choix incontournables qui s'annoncent déchirants pour les Québécois. Le forum sur les finances publiques, que le gouvernement Charest entend tenir au début de 2010, sera l'occasion de mettre la table.