Petit soupir de soulagement: après être disparue des écrans radars pendant 10 mois, la croissance est réapparue timidement en juin au Canada. À 0,1%, en deçà des prévisions, on ne s'emballera pas. Les résultats de cet été devraient néanmoins confirmer le pronostic de la Banque du Canada: la récession a plié bagage après avoir ébranlé le pays pendant trois trimestres tumultueux.

La chute du PIB aura finalement été plus brutale qu'annoncé initialement: un recul de 6,1% au premier trimestre et de 3,4% au second. On doit une fière chandelle aux consommateurs qui ont empêché le bateau de prendre l'eau davantage. Le maintien de leurs dépenses a contenu la glissade surtout occasionnée par une dégringolade de 19% des exportations.

 

La reprise devrait donc se poursuivre pendant les prochains mois. Sera-t-elle vigoureuse? Jusqu'à quel point sera-t-elle durable? Mystère et boule de gomme. Si on opte pour le camp des optimistes, dont fait partie le gouverneur Mark Carney, l'économie prendra graduellement du mieux, si bien que la croissance atteindra 1,3% dans les six derniers mois de 2009 et 3% dès 2010. Les plans de relance gouvernementaux mis de l'avant il y a quelques mois devraient donner un peu d'impulsion au rebond de l'économie dans l'immédiat.

Toutefois, des bémols subsistent. Les stocks des entreprises canadiennes, encore fort élevés au deuxième trimestre, et la faiblesse de leurs investissements pourraient ralentir la croissance anticipée des prochains mois. On s'attend aussi à ce que la création d'emplois soit mitigée.

Au sud de la frontière, les États-Unis essaient de faire redémarrer la machine tant bien que mal. Le secteur manufacturier reprend de la vigueur, mais le chômage refuse de s'essouffler: les entreprises américaines ont supprimé 298 000 emplois en juillet.

Pendant que l'Occident s'enfonçait dans la récession, la Chine a porté le fardeau de la croissance mondiale à bout de bras. Toutefois, pour éviter la surchauffe, l'État vient de resserrer le crédit en augmentant ses taux d'intérêt. La bourse de Shanghai n'a pas apprécié et a cédé presque 7% lundi dernier. La correction de 21% en août est sans doute saine dans un marché qui a gagné 90% dans les sept premiers mois de 2009. Mais cela pourrait aussi être un signe avant-coureur que la Chine ne pourra soutenir cette cadence effrénée bien longtemps. Les États-Unis ont avantage à retrouver bientôt le chemin de la prospérité. Rien n'est moins sûr.

Et le Canada, lui non plus, ne pourra tenir le coup éternellement si son voisin ne se relève pas. Tant que son commerce extérieur dépendra aux trois quarts des Américains, son sort reposera essentiellement entre leurs mains. Pour éviter de retomber en récession, les exportations devront un jour ou l'autre prendre le relais des ménages canadiens.

Profitons de ce répit, après la tempête économique qui a sévi l'hiver dernier. Pourvu que l'embellie dure.