Les récessions précédentes ont été plutôt courtes, suivies de relances musclées. Pas cette fois-ci, selon toute vraisemblance. On cherche la lumière au bout du tunnel. En vain, c'est encore l'obscurité totale.

À commencer par les marchés boursiers, les premiers annonciateurs de jours meilleurs. Ils sont encore très déprimés. Après une légère embellie à la fin de 2008, les indices sont repartis vers le bas et déboulent depuis à petites doses.

 

Pourtant, le Dow Jones a déjà perdu près de 50% de sa valeur depuis son sommet d'il y a 16 mois. Effrayés à l'idée d'une nationalisation (presque inévitable) de grandes banques américaines, les investisseurs ont ramené le compteur à son plus bas niveau en six ans. Où est le fond du baril? Bien malin qui pourrait le prédire.

Valeur refuge, seul l'or trouve grâce aux yeux du marché: son prix a franchi la barre des 1000$ l'once vendredi dernier.

Depuis son arrivée au pouvoir, Barack Obama s'échine à lancer des programmes coûteux de soutien à l'économie, à coups de centaines de milliards. Rien n'y fait: les nouvelles encourageantes n'ont aucune emprise. Les parquets boursiers ne regardent que la moitié du verre vide.

La crise mondiale a été déclenchée par l'effondrement du marché immobilier américain. La reprise devra aussi passer par une stabilisation du prix des maisons. Pas de veine, le plancher est loin d'être atteint. Après un recul de 26% depuis 2006, on s'attend à une dégringolade supplémentaire de 15% au cours des prochains mois.

Oui, le président Obama a bien lancé une bouée de sauvetage de 275 milliards aux propriétaires pour stopper l'hémorragie des reprises hypothécaires. Mais il semble trop tard pour secourir 13 millions d'entre eux dont les hypothèques sont déjà supérieures à la valeur de leur maison.

Petite lueur d'espoir: l'inventaire des propriétés en vente a commencé à dégonfler aux États-Unis. Et les permis de bâtir sont redevenus plus nombreux que les mises en chantier, rendues à un seuil jamais observé en un demi-siècle.

Côté emploi, chaque jour apporte son lot de mises à pied par milliers. Et voilà que la Réserve fédérale laisse entendre que les Américains devront apprendre à vivre avec un taux de chômage relativement élevé pendant cinq ou six ans. Une fois le pire passé, la croissance restera donc anémique.

Dernière source d'inquiétude, et non la moindre: la déflation, mot qui donne froid dans le dos des économistes à sa seule mention. Le taux d'inflation annualisé est rendu à zéro aux États-Unis et tombera en terrain négatif durant les prochains mois. Les taux d'intérêt déjà réduits au minimum, ils ne peuvent plus servir de catalyseur pour relancer la consommation. Une tendance prolongée de baisse des prix recèle un fort potentiel de catastrophe: les ménages retardent leurs achats dans l'espoir de bénéficier de prix toujours plus bas. Une fois emporté dans la spirale déflationniste, il est fort difficile de s'en extraire.

Nous n'avons pas vécu une crise de cette ampleur depuis la dépression des années 30. À l'époque, c'est la guerre qui avait requinqué l'économie. Cette fois-ci, quelle sera la bougie d'allumage?

Chose certaine, tout au long de cette traversée du désert, notre patience sera mise à dure épreuve.

jbeaupre@lapresse.ca