Les revers de fortune sont toujours décevants, mais pour qui sait les saisir, ceux-ci peuvent devenir des occasions de ressourcement et de renouvellement.

Cette phrase, c'est Philippe Couillard qui l'a écrite en 2012, quelques mois après une amère défaite électorale pour le PLQ. Il était alors candidat à la direction du parti et invitait les membres à un vaste examen de conscience.

Les libéraux, selon lui, avaient oublié qui ils sont vraiment. Ils devaient donc «revenir aux sources de l'idée libérale», ils devaient «plonger profondément dans leurs racines, jusqu'aux patriotes et à Wilfrid Laurier», afin de «se redéfinir».

Or, aujourd'hui, les libéraux sont à nouveau appelés à se redéfinir après avoir manifestement manqué de temps pour une véritable réflexion en profondeur, il y a six ans.

Et les élections qui se sont terminées il y a quelques jours en étaient la preuve éclatante. Les libéraux ont agité autant d'épouvantails qu'il y a eu de semaines de campagne, répétant chaque fois qu'il fallait voter CONTRE les autres... mais oubliant de nous dire pourquoi il fallait voter POUR eux.

Comme si le PLQ ne se voyait plus qu'en valeur refuge : un parti où l'on se retrouve pour se protéger des autres, de leurs dérives indépendantistes ou nationalistes, plutôt qu'une formation qu'on appuie pour ses propres valeurs et principes.

François Legault était ainsi un cryptosouverainiste qui misait sur le «nationalisme identitaire». La CAQ allait provoquer une «détérioration de la paix sociale». Le PQ replongerait le Québec dans de nouvelles chicanes constitutionnelles. Et QS proposait un programme qui se traduirait par une «décote immédiate» du Québec.

Mais le PLQ offrait quoi, lui?

Pas clair.

Le parti a mené une campagne très «clinique», avec des micromesures pour des publics ultraciblés à l'aide de focus groups et de sondages, mais il a oublié les grands projets et mesures phares qui servent à définir une formation.

Si bien qu'on peut se demander quel projet porteur défend le PLQ, à part une bonne gouvernance?

Quelle valeur ajoutée offrent les libéraux, à part continuer de gérer le développement économique?

Quels principes guident le Parti libéral, à part, peut-être, la défense des libertés individuelles?

À toutes ces questions, la réponse facile est de brandir la liste des valeurs fondatrices du parti telles que formulées par Claude Ryan. Soit.

Mais ces sept valeurs si importantes ne mériteraient-elles pas d'être mises à jour plutôt que simplement rappelées comme un credo qu'on dépoussière à chaque défaite? Peut-être aurait-il lieu d'en ajouter, d'ailleurs? La protection de l'environnement, par exemple?

Et surtout, ce fameux «nationalisme» qu'on évoque depuis quelques jours à droite et à gauche pour se rapprocher des francophones, il faudrait peut-être le définir et préciser en quoi il se distingue de celui de la CAQ.

La question mérite de toute façon d'être posée plus largement : les Québécois sont de moins en moins souverainistes, mais n'en sont pas moins attachés au Québec. Or, que veut dire être nationaliste en 2018 si on n'est pas souverainiste, au moment où les portes de la constitution sont fermées à double tour et que les Canadiens ont perdu tout appétit pour une réconciliation avec le Québec? La réflexion s'impose.

Le défi du PLQ et, surtout, de son prochain chef, il est donc là. Il doit «plonger profondément dans les racines» du parti, comme on le lui recommande, mais il doit aussi mettre à jour ce que signifie être libéral au Québec aujourd'hui.

Bref, il doit rappeler pourquoi sa formation mérite qu'on vote pour elle, non pas contre ses rivales.

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