Jacqueline Desmarais aura consacré sa vie à faire rayonner les artistes d'ici, et du coup, c'est le Québec qu'elle aura fait rayonner bien au-delà de ses frontières.

On se souviendra de cette grande dame pour son mécénat, pour sa philanthropie, pour sa générosité. Cette mélomane n'aura jamais hésité à contribuer aux causes qui lui tenaient à coeur, particulièrement celles qui touchaient l'art lyrique.

Mais plus encore que son aide financière, ce qui aura distingué son oeuvre, c'est le temps et l'énergie qu'elle aura personnellement consacrés à de multiples causes et projets, à divers organismes et fondations, au développement de la relève musicale et au mentorat de l'un et de l'autre.

Mme Desmarais croyait au talent et aux talents d'ici. Elle s'y sera vouée coeur et âme.

On connaît bien sûr l'histoire du prodige Yannick Nézet-Séguin, dont l'ascension n'est pas étrangère au flair et à l'appui indéfectible de Jacqueline Desmarais, appui reçu dès l'âge de 24 ans.

On connaît également l'histoire du violoncelliste Stéphane Tétreault, qu'elle a soutenu alors qu'il avait à peine 18 ans, notamment en lui confiant un stradivarius.

Mais personne ne sait vraiment combien de jeunes artistes ont profité de la générosité de cette « mécène discrète, enthousiaste et pudique », pour reprendre les mots de Nicolas Sarkozy.

Jacqueline Desmarais aura ainsi marqué le Québec par l'attention et la passion qu'elle a mises au service de ses jeunes talents, qu'elle appelait d'ailleurs affectueusement « mes enfants ».

Des jeunes qui ont pu rayonner ici, et aussi, beaucoup, à l'international. Car Jacqueline Desmarais les faisait profiter de son extraordinaire réseau de contacts. Elle se servait de ses voyages et de son implication pour pousser les artistes qui lui tenaient à coeur. Elle intercédait en leur faveur lorsqu'elle siégeait au Metropolitan Opera de New York (Met).

Nombre d'artistes connus et moins connus ont pu bénéficier de ce travail de coulisses, comme Robert Lepage. Ou encore comme Marc Hervieux, qui a pu chanter au Kirov après que Mme Desmarais eut profité d'une réception à Londres pour vanter ses mérites auprès du chef russe Valéri Guerguiev.

Les artistes québécois sont d'ailleurs les premiers à le reconnaître : la scène culturelle québécoise ne serait pas la même sans la contribution de Mme Desmarais, qui s'est étirée sur près de 40 ans, de ses premières implications au Domaine Forget à la présentation de l'opéra Elektra, dirigée ces jours-ci au Met, par le chef Nézet-Séguin.

Cela dit, ce serait une erreur de cantonner sa contribution à la musique, étant donné son implication communautaire, entre autres. 

Sa participation financière à l'organisation La rue des femmes en atteste, de même que l'existence d'un centre d'hébergement d'urgence qui porte son prénom.

Sa contribution financière à l'hôpital Sainte-Justine, où un pavillon du bâtiment des unités spécialisées porte son nom, prouve aussi la diversité de son aide. L'ancienne chanteuse de jazz a donné à l'art lyrique, mais l'ancienne élève en soins infirmiers a aussi contribué au développement de la pédiatrie.

C'est donc une bâtisseuse, à sa façon, qui nous quitte, une grande dame de l'art et de la philanthropie qui aura beaucoup donné au Québec.

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