Les budgets ne s'écrivent plus à l'encre rouge, au Québec. Mieux, le gouvernement contrôle suffisamment ses dépenses pour dégager une marge de manoeuvre de plus de 2 milliards.

Disons-le, c'est une bonne nouvelle. Après tout, l'ensemble des partis politiques avait fait de l'équilibre budgétaire un engagement électoral en 2014.

Mais maintenant qu'on y est, que faire de ces excédents ?

a) réduire la dette ?

b) baisser les impôts ?

c) réinvestir dans les services ?

d) ou mettre de l'argent de côté pour les mauvais jours ?

Dans le contexte actuel, avec une dette importante, des surplus en partie non récurrents, une économie qui se porte plutôt bien et des contribuables qui veulent payer moins cher pour plus de services, la meilleure réponse est... « toutes ces réponses ».

Plutôt que de se contenter de baisser les impôts comme le demandait François Legault, de tout réinvestir en services comme l'exigeait Québec solidaire ou de remplir la tirelire pour les imprévus comme le suggérait l'Institut du Québec, mieux valait profiter de la situation pour faire un peu tout cela. C'est ce qu'a choisi de faire le gouvernement.

Il diminue la dette en la refinançant.

Il baisse les impôts, mais de façon modeste en se limitant à l'abolition avant le temps de la taxe santé.

Il réinvestit 400 millions dans les infrastructures et 500 millions dans les services, en mettant la priorité sur l'éducation, les régions et la santé.

Et il laisse plus d'un milliard dans la réserve de stabilisation, soit le fonds qui sert à prévoir d'éventuels coups durs économiques.

Le gouvernement aurait pu concentrer l'essentiel du surplus dans cette réserve pour éventualités, comme le demandait la directrice de l'Institut du Québec, Mia Homsy, dans nos pages hier. Il est toujours bon, en effet, de mettre de l'argent de côté pour prévoir une récession, qui pourrait bien survenir plus tôt que tard.

Mais dans le surplus annoncé hier, même si la majeure partie est non récurrente - ce que l'IduQ appelle « un mirage ponctuel » - , il y a un coussin de 500 millions jugés récurrents par le ministère des Finances. Un montant qui sert justement aux réinvestissements.

Tant mieux. Car la Protectrice du citoyen a bien montré que la « rigueur budgétaire » a eu ses victimes. On a beau s'être contenté de réduire les hausses budgétaires des ministères, on a beau s'être concentré sur les structures, ce régime imposé à l'État a été ressenti plus durement par certains que d'autres, comme les aînés en CHSLD.

Il aurait ainsi été inconvenant de se servir de ce surplus pour baisser de manière importante les impôts, de la même manière qu'il aurait été malavisé de tout envoyer dans le service de la dette ou le fonds « des mauvais jours ».

Le Québec a agi avec prévoyance en reprenant le contrôle de ses finances. C'est avec prudence qu'il devait utiliser les surplus dégagés.

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