Pauline Marois s'est finalement laissée convaincre par le maire Coderre. Si le prochain gouvernement est péquiste, il sera favorable au recouvrement partiel de l'autoroute Ville-Marie en vue des festivités du 375e.

Il s'agit d'une bonne nouvelle qui devrait inspirer les autres partis. Une bonne nouvelle, cela dit, qui s'accompagne d'une question désormais incontournable : sur quels projets la Ville veut-elle véritablement miser pour les célébrations de 2017 ?

En mettant la priorité sur le projet de recouvrement entre les rues Hôtel-de-Ville et Sanguinet, à la mi-février, l'administration Coderre ajoutait en effet un item de plus à une liste déjà longue de projets étiquetés « 375e ». C'est aussi ce qu'il avait fait le mois précédent en qualifiant le réaménagement à venir de la rue Sainte-Catherine d'« important legs » des célébrations de 2017.

Or on se bousculait déjà au portillon du 375e. Une douzaine de projets figurent en effet dans la section « legs », de l'agrandissement du Musée des Beaux-Arts à la réfection de l'Oratoire Saint-Joseph, en passant par le réaménagement de la Place des Nations, l'expansion du musée Pointe-à-Callière et l'ouverture d'une partie du parc du Complexe environnemental Saint-Michel (la liste complète se trouve sur le blogue Quel avenir pour Montréal ?).

Entendons-nous : le problème n'est pas l'ambition des projets comme telle... mais bien la modestie des moyens. Évidemment.

Les fonds publics étant limités, la Ville opte donc pour la quantité plutôt que la qualité. C'est d'ailleurs ce que démontrent les fonds alloués au 375e dans les derniers budgets gouvernementaux.

En 2012, le gouvernement Charest acceptait de verser 125 millions pour quatre projets, dont le réaménagement de l'Oratoire. Deux ans plus tard, le gouvernement Marois ajoutait à la liste un autre projet, celui de Pointe-à-Callière... mais offrait la même somme !

Si la Ville ne fait pas le ménage dans les multiples projets, elle sera donc contrainte de saupoudrer les sommes offertes. Elle devra donner un peu d'argent à droite et à gauche, plutôt que de développer à leur plein potentiel les quelques projets d'envergure qui pourraient constituer de véritables legs.

Le réaménagement du Parc Jean-Drapeau, par exemple, pourrait facilement profiter d'un budget dépassant les 35 millions afin de le ramener à ses origines de l'Expo 67, dont on fêtera aussi le 50e en 2017. La réfection de la rue Sainte-Catherine pourrait être un coup fumant si on consacrait les budgets nécessaires à une véritable transformation.

Il n'y a qu'à jeter un oeil à Québec pour se convaincre de l'importance de miser sur un ou deux projets forts : la priorité accordée à la promenade Samuel-de-Champlain en a fait un legs extraordinaire du 400e.

Malheureusement, Montréal semble atteint du syndrome « tant qu'à faire » : tant qu'à dépenser pour le 375e, ajoutons ce projet de revitalisation, et ce projet de restauration, et ce projet d'expansion...

On risque ainsi de se ramasser avec un paquet de projets certes intéressants, mais pas de legs d'ampleur dont on se souviendra comme le cadeau fait aux Montréalais pour leur 375e.

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