La campagne électorale qui s'amorce apportera son lot de promesses concernant Montréal, mais avant de les juger, il vaut la peine de s'attarder au chemin parcouru depuis les engagements de la dernière joute électorale.

Le gouvernement sortant avait promis de rebâtir les ponts avec la métropole, ce qu'il a très bien fait... non sans en brûler d'autres sur son passage. Capable du meilleur et du pire, le PQ a quelques bons coups à son actif, mais affiche néanmoins un bilan mitigé.

Le grand mérite du gouvernement Marois aura été de retisser les liens perdus entre Québec et Montréal. Cette dernière a en effet trop longtemps pâti des rapports tendus entre l'administration Tremblay et le gouvernement Charest, qui s'est servi du désaccord entre les villes du Grand Montréal pour justifier son apathie.

Le tandem formé par Jean-François Lisée et Sylvain Gaudreault aura réussi à redonner à la métropole l'attention qu'elle mérite au conseil des ministres, comme on a pu le voir avec une foule d'annonces positives concernant l'îlot Voyageur, le Musée d'art contemporain, la rétention des familles, le 375e, le prolongement du métro et le maintien du siège social de l'OACI.

Il y a ainsi eu des prises de position fortes pour la métropole, particulièrement des deux ministres concernés, ce qui est d'autant plus louable qu'on accuse souvent le PQ ne n'avoir rien à gagner sur l'île.

Le problème, c'est ce que le tandem Lisée-Gaudreault semblait bien souvent en contradiction avec son propre gouvernement dans ce qui ressemblait à une reprise du film Bon Cop, Bad Cop. Volontairement ou pas.

On accordait un traitement privilégié à Montréal, mais on diluait son rôle dans des politiques qui la concernaient au premier titre (mobilité durable, itinérance et charte). On misait sur la «bonne entente» avec les anglophones, mais on menaçait de révoquer le statut de certaines villes bilingues.

On déposait une «stratégie nationale» sur le transport en commun, mais on refusait de se commettre sur le financement du développement du réseau. On mettait le cap sur l'électrification des transports, mais on laissait Hydro-Québec hausser les tarifs d'électricité de la STM, attendant que cette contradiction sorte au grand jour pour réagir.

Et plus que tout, on disait vouloir donner plus d'autonomie à Montréal, la «redynamiser» et renforcer «l'identité métropolitaine», mais on déposait une Charte qui annulait toutes ces bonnes intentions, en plus de reculer sur le droit de retrait accordé aux institutions montréalaises.

La Charte n'annule pas à elle seule les bons coups du PQ, mais elle les tempère significativement en raison des tensions qu'elle a fait naître sur l'île et de l'intransigeance du gouvernement, qui a refusé d'entendre les élus et nombreux acteurs montréalais qui l'ont interpelé avec vigueur.

Si le gouvernement avait eu ne serait-ce qu'une infime volonté de trouver un compromis sur la Charte, s'il avait voulu en faire un instrument de cohésion plutôt que de division, il pourrait aujourd'hui se vanter d'un bien meilleur bilan.

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