Montréal est la métropole. Mais la métropole de quoi, au juste?

C'est à cette question que le maire Denis Coderre entend répondre à compter de vendredi prochain, en amorçant à Rimouski une tournée québécoise qui permettra à Montréal de retisser des liens avec une province dont il s'est isolé ces dernières années.

Avant même que la Charte des valeurs ne creuse l'écart entre «la grande ville» et «les régions», les relations entre le Québec et Montréal ont en effet été mises à mal par une indifférence, voire une incompréhension croissante de l'un envers l'autre... et vice-versa.

Incompréhension qui a malheureusement isolé la métropole et réduit considérablement son pouvoir d'influence sur Québec, et sur le Québec.

On le sait, Montréal est électoralement quantité négligeable aux yeux des partis provinciaux, qui la considèrent comme acquise ou perdue. Il suffit donc que l'administration en place s'enferme dans sa bulle, coupe les ponts avec le conseil des ministres, s'éloigne des organisations municipales pour qu'elle perde tout lien avec la province dont elle se veut pourtant métropole.

Précisément ce qui est survenu au cours des dix dernières années sous le règne de Gérald Tremblay (Pierre Bourque a fait une telle tournée il y a 15 ans, mais davantage pour mousser les fusions que tisser des liens avec le Québec). Une situation qui nuit depuis des années à l'influence et à l'ascendant d'une ville censée jouer les locomotives... mais qui ne se soucie pas de l'absence de wagons derrière elle.

Comme l'a souligné Lise Bissonnette dans le collectif Rêver Montréal, «dans les milliers de documents stratégiques, plans d'action, feuilles de route et autres labyrinthiques chemins d'avenir que génère d'abondance la prospère bulle bureaucratique de Montréal, on ne trouve pas de propos un peu soutenu qui le ferait s'arrimer au territoire québécois».

D'où l'intention de Denis Coderre, pertinente et rafraîchissante, de renouer avec les grandes villes de la province. Une intention qu'il compte d'ailleurs répéter chaque année au cours de son mandat afin de rétablir durablement ces liens.

Preuve supplémentaire de sa volonté: Montréal joindra bientôt les rangs de la Fédération québécoise des municipalités, a appris La Presse, une première historique (la Ville a aussi réintégré l'UMQ en 2012).

Autant de gestes qui ont le potentiel de rapprocher politiquement ce que Boucar Diouf qualifie, dans le livre De quoi le territoire du Québec a-t-il besoin? , de «deux solitudes»: Montréal et les régions...

D'ailleurs, une idée: tant qu'à être lancé, pourquoi le maire Coderre ne profiterait-il pas de ses voyages pour tenir également des rencontres avec les citoyens, du type «town hall meeting», afin d'élargir la portée de sa tournée au-delà du politique, en lui donnant une touche civique?

Montréal est évidemment métropole par la quantité d'investissements qui s'y fait. Mais au-delà de l'évidence économique, le statut de métropole doit être rappelé et bien sûr, renforcé.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion