Il y aurait à Montréal trop de projets immobiliers, trop de gratte-ciels en chantier, trop de condos en vente. Le crédit serait trop facile, l'endettement trop important et l'ambition des développeurs trop grande pour un si petit marché.

Et si, au contraire, les promoteurs avaient flairé une tendance en cours, celle d'une véritable renaissance du centre-ville comme on en voit ailleurs en Amérique du Nord?

Il s'agit certes, pour l'instant, d'un coup de dé financier qui pourrait tourner court (ou mal) pour ces investisseurs qui prévoient une douzaine de nouveaux édifices de plus de 30 étages au centre-ville (projets à l'étude, en chantier et autorisés), incluant les deux gratte-ciels voisins de la Tour des Canadiens évoqués mardi par le collègue Maxime Bergeron.

Il s'agit bel et bien d'un pari, car les statistiques démographiques favorisent encore et toujours la banlieue. On a beau évoquer l'hypothèse d'un retour des baby-boomers vers la ville depuis deux décennies, les couronnes continuent d'attirer et de retenir la classe moyenne.

Miser sur la ville-centre peut donc sembler périlleux. Mais en même temps, les statistiques démographiques sont par définition en retard sur les tendances. Et la tendance que perçoivent - et alimentent - les promoteurs n'est perceptible que depuis peu.

«Il s'est clairement passé quelque chose au cours des deux dernières années, indique Mathieu Collette, directeur des études de marché du condo au Groupe Altus. On assiste à une densification du centre-ville qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années.»

Le marché ralentit certes, ce qui est normal après la folie de 2012, mais il ne montre pas encore de signes évidents d'effondrement. Il s'est vendu l'an dernier plus d'unités de logement qu'en 2011. La grande majorité des unités offertes au cours du dernier trimestre ont été vendues. Et le nombre de permis octroyés ces derniers mois donne le sourire à l'industrie de la construction.

Cela peut sembler surprenant dans un marché qui a connu une telle effervescence, mais certains facteurs laissent croire que cette offre croissante répond à une demande bien réelle, laquelle est alimentée par toutes sortes de facteurs allant de l'augmentation du trafic à la multiplication des grands chantiers routiers, en passant par le caractère urbain de la nouvelle économie, la hausse du prix des terrains en banlieue et l'application du Plan métropolitain d'aménagement.

À cela s'ajoutent certains courants démographiques, qui pourraient favoriser le centre-ville. Le nombre de ménages composé d'une seule personne est en constante augmentation et le centre-ville est leur lieu de prédilection.

Les baby-boomers voient leur maison se vider et optent en nombre croissant pour la copropriété, même si certains décident de rester finalement en banlieue. Et leurs enfants, ces écho-boomers dans la vingtaine, semblent plus portés vers le condo que leurs parents au même âge.

Ces tendances ne sont que conjectures, évidemment. Elles peuvent donc se révéler marginales, ce qui ralentirait, voire freinerait le développement en cours du centre-ville.

N'empêche que le coeur de la métropole profite actuellement d'une activité immobilière salutaire et que la cadence des ventes demeure, pour l'instant, encourageante.

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