À compter d'avril prochain, l'AMT imposera un «tarif raisonnable» dans certains stationnements incitatifs en guise de projet-pilote. Une solution fort douteuse qui montre toute l'hypocrisie dont sont capables les gouvernements lorsqu'ils se font les chantres du transport en commun.

L'Agence métropolitaine de transport, qui relève du provincial, se trouve dans une situation financière difficile. Elle ajoute du service, des départs et bientôt une nouvelle ligne de train vers l'Est, mais elle n'a pas accès à plus de revenus pour financer l'entretien et l'exploitation de son réseau, un problème vécu par toutes les sociétés de transport.

L'AMT n'aura donc d'autres choix en 2014 que de réduire ses frais de 22 millions et ses effectifs de 5%. Mais cela ne sera pas suffisant pour boucler son budget, d'où l'idée de tarifer certains stationnements, une décision financière qu'elle tente de faire passer pour un outil de régulation de la demande.

Soyons sérieux! La demande est bien trop forte pour qu'un «tarif raisonnable» la limite. Si on fait payer 25 ou 50 places d'un stationnement de 1000 places, il ne se remplira peut-être plus à 7h15, mais à 7h18. Rien ne changera, sinon les revenus de l'AMT.

Certes, on peut se dire qu'une telle approche n'est pas vilaine. Après tout, l'Agence tire profit de la popularité d'un de ses services. Mais agir ainsi n'en est pas moins inéquitable: on pénalise ceux qui répondent à l'«incitatif» (les usagers) et on épargne ceux qui profiteront d'un réseau routier plus fluide (les automobilistes).

Cela est injuste, d'autant que la contribution des usagers au financement du transport en commun métropolitain est passée de 36% à 44% en 15 ans, alors que la part des automobilistes est passée de 8% à... 8%.

Les usagers voient en effet leurs tarifs augmenter chaque année plus que l'inflation, comme l'ont d'ailleurs annoncé à nouveau les sociétés de transports, hier, alors que les automobilistes sont épargnés. La taxe sur l'essence a connu une légère hausse en 2010, mais elle n'a pas bougé pendant les 15 années précédentes. Quant à la contribution liée à l'immatriculation, elle est la même en banlieue depuis 1992!

Or les sociétés de transport ont cruellement et rapidement besoin d'une source de financement dédiée, indexée et récurrente, ce que tous les ministres des Transports leur ont promis, en vain. Le gouvernement Charest a beau avoir investi dans de nouveaux projets d'infrastructures, il a refusé de hausser l'immatriculation et la taxe sur l'essence pour payer leur exploitation. Quant au gouvernement Marois, il a de bonnes intentions, mais il a pelleté le problème en avant en reportant le dépôt de sa Politique de mobilité durable à 2014, ce qui, avec la tenue probable d'élections, rend incertaine toute augmentation des revenus des sociétés dans un avenir prévisible.

Toute l'hypocrisie du gouvernement et de ses belles promesses est là. L'AMT se voit obligée d'aller fouiller encore un plus dans la poche des usagers parce que Québec refuse de puiser dans celle des automobilistes.

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