Montréal a un nouveau maire, un maire qui inaugure une nouvelle ère. Du moins, espérons-le.

Denis Coderre entre à l'hôtel de ville, par la petite porte précisons-le. Cette victoire, il la doit à sa notoriété, mais aussi à son franc-parler, à la proximité qu'il a su développer avec les citoyens et à son style populiste.

Autant de choses qui marquent une rupture avec son prédécesseur, Gérald Tremblay. Une rupture que M. Coderre devra maintenant incarner au-delà du style politique. Le changement souhaité ne peut être qu'attitude.

Durant toute la campagne, M. Coderre a refusé de s'engager, demeurant nébuleux dans ses promesses, chiches dans ses plans, s'appuyant sur sa personnalité davantage que sur ses idées. En un mot, il a tout fait pour réduire les attentes. Or sur ce plan, il a échoué, car elles sont très élevées à ce moment charnière.

Premier défi pour le maire Coderre : celui qu'il s'est lui-même fixé, redonner confiance aux Montréalais. Ce qui ne sera pas une mince tâche, encore moins pour M. Coderre, osons le dire, à qui appartient le fardeau de la preuve sur cette question.

Ancien député d'un parti fédéral entaché par un scandale, il s'est adjoint les services de bon nombre d'élus d'un autre parti, tout aussi miné par le scandale. Nous ne voulons plus avoir à le rappeler, les Montréalais ne veulent plus qu'on le leur rappelle. Point.

L'intégrité de cette nouvelle administration doit donc être sans faille. La force du vote de protestation, incarné par la néophyte Mélanie Joly, en est un éloquent rappel. Tout comme les deux tiers des voix qui ont échappé à M. Coderre, et surtout, les nombreux appuis accordés à Projet Montréal, qui gagne ainsi en appuis, en crédibilité et en autorité.

L'opposition sera forte, au conseil comme dans les arrondissements, façon d'envoyer un message au nouveau maire, qui sera perpétuellement en observation. Chaque jour, le maire Coderre devra se demander si le geste qu'il s'apprête à poser va dans le sens d'une plus grande confiance des citoyens.

Deuxième défi : s'imposer auprès de Québec et Ottawa. Et vite. Bien des enjeux majeurs pour l'avenir de Montréal sont en examen dans les capitales, du pacte fiscal au pont Champlain, en passant par la politique de la mobilité, les régimes de pension et la révision des pouvoirs des municipalités.

Montréal a perdu son autorité ces dernières années, M. Coderre devra la lui redonner rapidement afin que cesse l'assujettissement dans lequel les gouvernements supérieurs sont trop contents de confiner la métropole.

Troisième défi : mener à terme le ménage entamé à l'hôtel de ville par les administrations de coalition. M. Coderre a beaucoup parlé de son futur inspecteur général sans en dire plus sur ses intentions. Or la tâche est aussi urgente que colossale : revoir la gestion de la Ville dans ses moindres détails, renforcer les contrôles encadrant l'octroi des contrats, augmenter la reddition de comptes... tout en allégeant la machine.

Le maire Coderre devra ainsi insuffler à Montréal une culture éthique qui lui fait cruellement défaut, tant au sein du conseil que dans l'administration.

L'élection de M. Coderre tourne la page sur de sombres années pour Montréal. Souhaitons que lui et son équipe honorent maintenant la confiance que leur ont accordée les Montréalais. Une confiance fragile.

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