Le gouvernement Marois répète depuis sa prise de pouvoir qu'il croit en la métropole, qu'il souhaite contribuer à sa relance, qu'il la considère comme le «vaisseau amiral» de la province. Bref, qu'il aime cette ville d'importance.

On sait maintenant qu'il l'aime soumise et bien docile.

Un projet de règlement à l'étude à Québec confirme encore un peu plus cette détestable manie qu'ont les élus et fonctionnaires provinciaux de vouloir constamment mettre Montréal au pas. Une manie qui transcende les partis et les décennies, certes, mais une manie à laquelle le Parti québécois avait promis de mettre fin.

À pareille date l'an dernier, Pauline Marois soulignait les doléances du maire Gérald Tremblay, qui affirmait avec raison que le gouvernement ne connaît pas la métropole, ne l'écoute pas, ne la comprend pas. «Et je ne suis pas loin de penser que c'est pas mal exact dans certains cas, ajoutait celle qui est devenue depuis première ministre. Il faut changer cette culture-là pour redynamiser Montréal.»

Le PQ, comprenait-on, redonnerait à cette banale «créature» municipale les lettres métropolitaines que lui a enlevées le PLQ il y a dix ans. Enfin.

Or qu'apprenait-on en une du Devoir jeudi? Que le gouvernement s'apprête à adopter un règlement lui permettant de faire fi des objections de la Ville lorsqu'il souhaite élargir ou refaire une autoroute sur son territoire!

Sous prétexte qu'un unique arrondissement de Montréal n'a pas envoyé assez rapidement son avis de conformité au ministère des Transports dans le dossier Turcot, Québec va tout simplement statuer que l'avis de Montréal n'est plus requis. Jamais. Pour aucun chantier routier.

Plus paternaliste, tu mets en tutelle! Déjà qu'il est douteux que Québec puisse imposer ses vues à la métropole comme il l'a fait avec Turcot et l'autoroute 25, déjà qu'il est problématique qu'Ottawa dicte les paramètres d'axes aussi importants que Champlain et Jacques Cartier, fallait-il en plus qu'on exige que Montréal se taise et regarde ailleurs?

Le gouvernement Marois promettait d'«adapter les politiques du gouvernement à la réalité montréalaise». Il fait l'inverse. Comme le confirme la charte des valeurs, qui «adapte» la réalité montréalaise aux intentions du gouvernement. Et comme l'ont confirmé par la suite les propos de Jean-François Lisée, qui a exhorté les candidats à la mairie à se taire, eux aussi...

Une telle attitude peut plaire, électoralement, en région, en banlieue et même à Montréal. Après tout, la métropole est minée par des problèmes qu'il est de bon ton de vouloir régler en serrant la bride. Mais la seule manière de responsabiliser la métropole, c'est en augmentant la reddition de compte de la Ville en échange d'une plus grande autonomie, non pas en l'infantilisant, encore moins en prenant les décisions à sa place... à partir de la capitale.

C'est une question de subsidiarité et de respect de la démocratie municipale. Mais aussi d'égard pour l'unique ville censée être métropole.

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