Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, dévoilé hier, confirme ce que l'on savait déjà: le réchauffement du climat est en cours, et l'homme en est responsable.

La valeur de cette nouvelle «synthèse exhaustive» est donc ailleurs. Dans le degré de certitude des conclusions qui ne cessent de se raffiner, d'abord. Dans l'appel à l'action lancé à la communauté internationale, ensuite.

Le GIEC, en effet, ne se contente pas de rappeler aux décideurs l'importance de réduire leurs émissions carboniques, «cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle», il les interpelle également sur la nécessité de se préparer, dès à présent, à affronter un climat qui risque de s'emballer.

«La plupart des aspects des changements climatiques persisteront plusieurs siècles, et ce, même si l'on arrêtait d'émettre des gaz à effet de serre», écrivent les auteurs du rapport. Autrement dit, la réduction des émissions décidera de l'intensité du réchauffement à venir... mais peu importe le niveau de réduction, il y aura réchauffement.

La communauté internationale a donc le devoir d'agir pour limiter la hausse de la température à 2 degrés, comme elle s'est engagée à le faire à Copenhague, mais elle a aussi le devoir d'augmenter la résilience de la société à l'égard de ce réchauffement en cours.

Le Canada et le Québec sont donc interpelés. Ils le sont même au premier chef, car les pays nordiques voient déjà leur température croître plus rapidement qu'ailleurs. Cela signifie qu'une hausse moyenne de 2 degrés dans le monde se traduirait, ici au pays, par une hausse dépassant les trois degrés.

Or il suffit de constater les conséquences déjà visibles du réchauffement pour se convaincre de la gravité de ses effets potentiels à moyen terme: érosion des côtes, fonte du pergélisol, périodes de chaleur accablante, inondations plus fréquentes, etc.

Abstrait, tout ça? Prenons un exemple concret: la forêt québécoise. Déjà victime du réchauffement, elle voit ses bourgeons éclore de plus en plus tôt. Cet allongement de la saison offre certes des avantages, mais il ouvre surtout la voie à une multiplication des espèces envahissantes, des périodes de sécheresse et des feux de forêt.

L'adaptation n'est donc plus l'apanage des pays les plus vulnérables, elle est devenue une nécessité, pour tous. Ce qu'a compris la province, qui finance le consortium scientifique Ouranos en plus de s'être doté d'une stratégie d'adaptation à l'horizon 2020, mais pas le fédéral.

Malgré ses nombreuses juridictions environnementales, Ottawa néglige en effet cet aspect de la lutte contre les changements climatiques... comme tous les autres d'ailleurs. Les conservateurs ont ainsi jeté à la poubelle le dernier rapport de la Table ronde sur l'environnement, qui recommandait d'élever l'adaptation au rang de «priorité canadienne», mais ils en ont aussi profité pour se débarrasser... de l'organisation.

Ce que le GIEC nous enseigne, c'est qu'on peut bien feindre d'ignorer le réchauffement climatique, cela ne nous dispensera pas de nous y préparer.

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