Les Montréalais vivent une véritable relation amour-haine avec le BIXI. Il y a ceux qui adorent, et il y a ceux qui le détesteront jusqu'à sa disparition.

On en a eu une preuve de plus ces derniers jours, alors que certains ont profité de la situation financière fragile de la Société de vélo en libre-service pour évoquer sa faillite, d'autres pour exiger sa privatisation ou carrément, sa mise à mort.

Or n'en déplaise aux oiseaux de malheur, BIXI pourrait bien avoir de belles années devant lui, si seulement on lui laissait le temps de régulariser sa situation.

L'inquiétude exprimée par le vérificateur général, qui a jeté «un doute important» sur la capacité de l'organisation à poursuivre ses opérations, est légitime. De même que les accusations d'opacité. Mais il faut se rappeler que ces critiques sont liées au problème originel du BIXI... que ce dernier tente justement de régler.

Lancé dans la précipitation en 2009, le réseau de vélo en libre-service était initialement une «patente à gosse» qui a poussé la Ville là où elle n'aurait peut-être pas dû s'aventurer: dans la commercialisation d'un produit à l'étranger. 

Cela peut certes rapporter gros à long terme, mais cela implique inévitablement des risques financiers, lesquels sont jugés incompatibles avec la gestion des fonds publics par le VG et le gouvernement.

Soit. Gardons le volet local du BIXI, intégrons-le à la STM, donnons-lui la transparence nécessaire, puis vendons le volet international. C'est précisément ce que la Société de vélo a tenté de faire en organisant une vente aux enchères ces derniers mois. Près de 20 entreprises ont répondu au prospectus de vente, six ont été sélectionnés et une a pu entamer des négociations.

Mais voilà, ces dernières ont échoué, comme cela arrive parfois dans le privé. Cela a retardé la nécessaire réforme du volet local, mais cela a surtout placé BIXI dans une situation financière trouble. D'autant qu'au même moment, la Société avait beaucoup de vélos à livrer et deux villes décidaient de retenir leurs paiements en raison des problèmes informatiques du système d'exploitation de leur BIXI.

Cette situation est désolante, surtout qu'elle oblige Investissement Québec à aider l'organisation. Mais ne perdons pas à l'esprit qu'elle émane du problème qu'on tente d'éliminer: les risques inhérents au volet commercial. Un volet qu'on mettra à nouveau en vente dans les prochains mois (en espérant que des institutions québécoises seront intéressées, mais c'est une autre histoire).

On ne peut donc faire autrement qu'attendre, le temps que BIXI se refasse une santé financière et maximise la valeur de ses activités commerciales, seule façon d'espérer rembourser le prêt et la marge de crédit accordés par la Ville (42 M$). 

La situation financière et administrative de BIXI est certes inconfortable pour l'heure, mais seule la patience permettra aux contribuables de récupérer leurs billes, et au BIXI, de continuer à rouler à Montréal en intégrant le giron des transports collectifs.

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