Ottawa a annoncé lundi son intention de financer une partie du prolongement du métro de Toronto. Sans surprise, cette décision a fait bondir au Québec, où plusieurs reprochent au fédéral de ne pas avoir accordé le même traitement à Montréal, qui n'a eu droit à aucune aide pour étendre son réseau de transport en commun.

Ce qui est vrai: le gouvernement Harper s'est contenté de transférer une portion congrue des revenus de la taxe sur l'essence ces dernières années, refusant de mettre un sou de plus dans le développement du métro et de l'autobus à Montréal.

Mais le responsable de cette déplorable situation ne se trouve pas à Ottawa...

Le fédéral n'a pas l'habitude de fouiller dans les boîtes de Cracker Jack pour financer les projets provinciaux ou municipaux. Cela se fait habituellement dans le cadre de programmes établis aux critères précis.

Au cours des dernières années, Ottawa a ainsi mis sur pied le Fonds Chantier Canada afin d'investir 8,8 milliards de dollars dans différents projets visant à «améliorer la qualité de vie des Canadiens». Les provinces pouvaient soumettre des demandes pour des infrastructures liées à l'eau, à l'énergie verte, aux transports en commun et au réseau routier.

Toronto a ainsi prolongé son métro et remis en état la gare Union. Calgary a bonifié ses réseaux de trains légers sur rail et d'autobus express. Vancouver a amélioré son réseau de trains de banlieue ainsi que son SkyTrain.

Et qu'a fait le Québec des sommes fédérales? Il les a englouties dans des projets routiers...

Sous l'ère Charest, les subventions fédérales ont effet servi à prolonger des routes et autoroutes (73, 185, 175, 30), à reconstruire des viaducs et des échangeurs (440-740, 20, 25) et à améliorer des infrastructures routières (720, 109, 364), au grand dam de l'Alliance pour le financement des transports collectifs au Québec.

Seule exception, un tout petit montant de 150 millions$ qui a servi à remplacer des pièces de ventilation, des escaliers et d'autres composantes du métro de Montréal.

On peut, à raison, se désoler qu'Ottawa ne mette pas plus d'argent dans les infrastructures de transport à travers le Canada, mais il est bien difficile de se plaindre d'un soi-disant traitement préférentiel accordé à Toronto, Calgary ou Vancouver, qui ont simplement décidé d'investir autrement les sommes disponibles.

Le prolongement de la Ligne Bloor-Danforth, annoncé lundi, est certes différent car il fera partie d'une extension du Fonds Chantier Canada au-delà de 2014, dont on attend les modalités. On peut donc sourciller en voyant l'empressement avec lequel Ottawa allonge de l'argent à venir, mais on ne peut certainement pas se poser en victime d'une prétendue iniquité, comme l'a fait le maire Laurent Blanchard. 

Ottawa s'est toujours dit prêt à financer le prolongement de la ligne bleue ou un éventuel train léger sur Champlain... à condition que la province accepte de faire des choix, de mettre la priorité sur un de ces projets.

Si Montréal veut se plaindre d'une décision gouvernementale, qu'elle le fasse donc à Québec plutôt qu'à Ottawa.

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