La journée En ville sans ma voiture n'est plus que l'ombre d'elle-même. Après dix années passées dans un périmètre du centre-ville, voilà que l'événement déménage... dans un parc.

Oui, un parc.

Le territoire touché se confine en effet, cette année, au Square-Victoria et à quelques bouts de rues qui le traversent. C'est peut-être mieux que de tenir la journée dans un secteur carrément interdit aux voitures, comme on l'a fait au Vieux-Port l'an dernier, mais cela n'en demeure pas moins ridicule.

Manifestement, l'événement «revendicateur» censé faire réfléchir les navetteurs aux «effets néfastes de l'utilisation abusive de l'automobile» s'est muté en une fête un peu grano qui se contente de divertir les passants à l'heure du lunch. Une petite brochure sur les méfaits de la pollution urbaine avec ça?

Il y a certes, cette année, un volet intéressant de la journée sans auto, le PARK (ing) Day. Un peu plus de 200 cases de stationnement seront occupées sur l'île par des installations visant à démontrer le potentiel de ces espaces publics occupés par des voitures. L'initiative piquera certainement la curiosité, mais on ne peut espérer d'effet sur les comportements que très indirectement.

Avouons-le, les commerçants du centre-ville ont gagné. Ils ont réussi à convaincre la Ville du caractère néfaste de l'événement et ainsi, à le chasser dans le quartier des affaires. Leur argumentaire s'est d'ailleurs affiné avec les années. Alors qu'ils déploraient les pertes de profits initialement, ils soutiennent aujourd'hui qu'on ne peut inciter les navetteurs à se ruer dans le réseau de transport en commun, déjà à pleine capacité à l'heure de pointe.

Donc on fait quoi? Si l'idée du périmètre fermé à la circulation est trop subversive pour les autorités, on tire la plogue? Ou on profite des fonds privés (145 000$) et publics (250 000$) mis à la disposition des organisateurs pour poursuivre le même objectif, mais avec une formule différente?

Mieux vaut évidemment bâtir sur les fondations en place que de tout balancer. Une idée: le concept «En ville... en duo». On permet aux usagers du transport en commun d'inviter un collègue dans le transport en commun, en permettant à deux personnes de voyager avec un seul titre. Et on incite les automobilistes à faire monter un collègue dans leur auto, afin d'initier d'un coup deux personnes au covoiturage (les entreprises pourraient être incitées à jumeler les employés).

On pourrait ainsi ramener le périmètre à ce qu'il était, voire l'agrandir en permettant aux voitures occupées par au moins deux personnes d'y pénétrer pour se stationner. On s'attaque ainsi au principal fléau en transport, l'auto solo. On minimise l'impact sur la capacité d'accueil du train, du métro et des autobus. Et on permet aux plus récalcitrants d'entrer dans le périmètre à condition qu'ils soient accompagnés.

Ce n'est qu'une idée. D'autres pourraient suivre, pourvu qu'on joue la carte de la transparence en admettant que l'événement, tel qu'on l'a vu décliner ces dernières années, a fait son temps.

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