L'actualité nous a fourni ces derniers jours un exemple éloquent de ce qui cloche sur l'île. D'un côté, Québec et Montréal ont annoncé qu'ils privilégiaient désormais le développement du réseau d'autobus parce que plus facile à réaliser que des gros projets. Mais de l'autre, ces deux mêmes joueurs pilotent un projet de bus sur Pie-IX... qu'ils sont incapables de réaliser parce que trop compliqué!

Il est là le principal problème de la métropole. Non pas dans le nombre d'élus, dans l'imprévisibilité du métro ou dans la piètre gestion des stations d'épuration, mais dans la faillite institutionnelle qui plombe tout ce que Montréal entreprend. Un virage s'impose, et vite.

La surgouvernance est à la métropole ce que les trous noirs sont à l'univers: un corps extrêmement dense qui avale tout ce qui a le potentiel de rayonner.

La plus récente et remarquable illustration de ce problème est le service rapide par bus que l'on tente péniblement d'implanter sur Pie-IX, que nous avons décortiqué jeudi. Un projet névralgique (70 000 passagers par jour, soit plus que la voie réservée du pont Champlain) qui se fera en neuf ans plutôt que trois.

Pas sorcier, il y a tellement de gens qui décident... que plus personne ne décide, tellement de responsables que plus personne ne l'est. On a là un projet payé par le gouvernement et priorisé par la Ville... mais que ni l'un ni l'autre ne contrôle. Il est entre les mains de l'Agence métropolitaine de transport qui le pilote comme un projet parmi tant d'autres et qui s'en remet ainsi aux humeurs de tous les acteurs impliqués, de Laval à la MRC Les Moulins, en passant par deux sociétés de transports et quatre arrondissements.

«Ce n'est pas compliqué, Montréal est actuellement un no man's land d'imputabilité», résume Denis Saint-Martin, politologue à l'Université de Montréal. Un problème qui mine à peu près tout ce que fait Montréal, qui plombe le projet de SRB et qui laisse planer des doutes sur le réalisme du virage autobus souhaité, et souhaitable.

Il faut à tout prix revenir à l'essentiel, simplifier la chaîne de commandement, réduire les sources d'autorité et augmenter ainsi la reddition de comptes. En un mot, il faut donner à Montréal les responsabilités qui reviennent à une métropole, ce qui signifie une plus grande autonomie par rapport à Québec, mais aussi une gouvernance interne plus fluide entre la ville et les arrondissements.

La Ville veut faire le SRB Pie-IX en priorité? Que le ministre Gaudreault lui donne un chèque et un échéancier serré à respecter, et qu'elle s'arrange avec les arbitrages, les arrondissements, la STM et même Laval, qui n'a sur son territoire qu'une portion minime du projet.

L'important est d'accélérer le projet SRB et, par le fait même, le développement des mesures prioritaires pour bus, des voies réservées et éventuellement d'un réseau de «services rapides par bus» à Montréal, seule façon de répondre rapidement et massivement à la demande en transport en commun.

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