Montréal est-elle dirigée par deux maires? Un par intérim, l'autre par subordination?

Les récentes interventions du ministre responsable de la Métropole, Jean-François Lisée, soulèvent des questions quant à l'autonomie de Montréal. Une autonomie que le gouvernement semble pouvoir piétiner quand il le juge nécessaire.

Au cours des derniers mois, M. Lisée a en effet multiplié gestes et propos qui portent à confusion. Il s'est opposé à la nomination de Line Beauchamp à la Société du 375e anniversaire, une OSBL pourtant financée à 100% par la Ville. Il a avoué qu'il n'aurait pas hésité à faire de même si Michèle Courchesne avait déposé sa candidature auprès de Tourisme Montréal, une organisation qui a bien peu à voir avec le gouvernement.

Il s'est aussi opposé à la modification du règlement P-6 par le conseil municipal, il a sermonné l'administration Applebaum lorsqu'elle a banni Dessau des soumissions publiques, il a recommandé à la Ville d'aller de l'avant avec la réparation des nids-de-poule lors de la saga sur l'asphalte.

Plus encore, il a distribué sa confiance au gré des circonstances. Décidant du moment où Gérald Tremblay «n'avait plus la crédibilité politique» pour continuer, déclarant que Michael Applebaum avait encore sa confiance, «pour l'instant».

Or où s'arrête l'interventionnisme d'un ministre volontaire et où commence la tutelle implicite d'un gouvernement trop présent? Pas clair.

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Montréal n'est pas une municipalité comme une autre, une autre «créature» du gouvernement.

Elle a donc besoin d'un ministre attitré, d'une attention soutenue, d'un lien direct avec le conseil des ministres. Elle a besoin que le gouvernement joue son rôle, dans le financement et le choix des projets de transport, dans la gouvernance métropolitaine, dans la relation qu'entretiennent la ville et le fédéral.

Mais pas dans les décisions courantes, les nominations ou la gouvernance municipale. Des compétences qui reviennent entièrement à l'administration en place, peu importe qu'elle soit intérimaire, de coalition, de plein droit ou dans l'eau chaude.

Le respect des compétences que brandit constamment le PQ ne concerne pas que le provincial...

Certains des problèmes qui affligent aujourd'hui Montréal sont graves. On sent un besoin de leadership. Mais cela ne justifie pas que le gouvernement s'immisce dans la gouverne de Montréal. D'autant que la multiplication des têtes dirigeantes et structures explique en partie la déresponsabilisation dont certains élus ont fait preuve dans le passé.

On peut se réjouir qu'enfin la métropole soit prise au sérieux à Québec. On peut féliciter M. Lisée pour son engagement en faveur de Montréal. On peut être d'accord avec l'une ou l'autre de ses positions. Mais cela ne rend pas son ingérence plus acceptable.

Son avis n'en est pas qu'un parmi d'autres. Il finit bien souvent par être décisionnel. D'où la nécessité de l'utiliser avec plus de parcimonie... ou de se faire élire à la tête de Montréal.

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