Montréal espère qu'un beau tramway moderne circulera dans les rues de la métropole en 2021, un projet plus réaliste sur le plan financier qu'on pourrait le croire, selon le groupe de réflexion de la Chambre de commerce.

Mais réaliste ne veut pas nécessairement dire souhaitable...

Maintenant que l'administration a dévoilé les études de faisabilité, la question n'est plus de savoir si on peut le faire, mais si on doit le faire. Et malheureusement, la réponse est non.

Il y a présentement sur la table une foule de projets de transport en commun emballants : système léger sur rail sur Champlain, prolongement de la ligne bleue (voire des lignes jaune et orange), Train de l'Ouest, navette vers l'aéroport, réseau de trolleybus, etc.

Autant de projets prometteurs... dont la facture dépasse les 23 milliards, et donc, la capacité de payer des contribuables. En outre, la région nous a habitué à un rythme d'un gros projet par décennie : ligne bleue dans les années 80, trains de banlieue dans les années 90, prolongement du métro vers Laval dans les années 2000, train de l'Est dans les années 2010.

Et pourtant, on laisse entendre qu'on pourrait mener de front l'implantation d'un SLR, d'un tramway et d'un prolongement de métro d'ici dix ans... pendant qu'on reconstruit le réseau routier. Pense-t-on sincèrement creuser tout le long de la Côte-des-Neiges pendant la reconstruction de Turcot? Entraver en même temps le principal pont vers la Rive-Sud, le centre-ville et le nord-est de l'île?

Im-pos-si-ble.

Il faudra choisir. En se demandant ce que l'on souhaite faire avec ces projets. Mettre le réseau à niveau? L'étendre? Améliorer l'expérience-client? Ou plutôt convaincre au meilleur prix le plus d'automobilistes de délaisser leur voiture?

Si l'on se fie aux cibles et politiques des autorités, c'est vers ce dernier objectif que l'on devrait tendre : une réduction de l'auto-solo pour décongestionner la région et réduire les gaz à effet de serre.

Or curieusement, personne n'évoque cette donnée. La Ville n'a pas abordé le sujet mercredi. Le gouvernement a choisi de prioriser le prolongement de la ligne bleue sans préciser le transfert modal espéré. Et il est virtuellement impossible de connaître le potentiel de transfert des autres projets. Mais n'est-ce pas une donnée primordiale?

Dans le cas du tramway, il faut tourner les différentes études dans tous les sens pour s'apercevoir que le transport collectif est déjà si populaire dans l'axe Côte-des-Neiges que sur les 15 000 passagers prévus à l'heure de pointe ... seulement 450 auront délaissé leur auto!

C'est peu pour un projet d'un milliard. Surtout que pour le même prix, on pourrait développer un réseau d'autobus à haut niveau de service sur voies réservées, comme celui qu'on tente d'implanter sur Pie-IX.

On peut donc rêver à un tramway, mais si l'on souhaite avoir un impact sur la motorisation de la région, on serait mieux de le repousser plus loin dans le temps.

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